LES POLICIERS qui contrôlent l'entrée du tribunal de grande instance de Pontoise, installé provisoirement dans un immeuble de Cergy-préfecture, n'en ont pas cru leurs yeux. Mardi, c'est Omar Sharif qui s'est présenté en personne, à l'audience du matin, pour répondre de « violence et outrage à agent de la force publique ». L'acteur, rendu célèbre par le rôle-titre du « Docteur Jivago », en 1965, en est ressorti, quelques heures plus tard, avec une condamnation à un mois d'emprisonnement avec sursis assorti d'une amende de 1 500 €. Il devra également verser 300 € de dommages et intérêts à sa victime et l'euro symbolique au Syndicat national des officiers de police, qui s'était porté partie civile. Joueur connu et reconnu, Omar Sharif a pourtant perdu son sang-froid dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 juillet au casino d'Enghien-les-Bains. Vers minuit trente, alors qu'il jouait de malchance et avait déjà perdu une coquette somme à la roulette, le bouillonnant septuagénaire s'en est pris au croupier de la table de jeux. Le policier de la direction des courses et des jeux du ministère de l'Intérieur, chargé de surveiller en civil et en toute discrétion le bon déroulement des jeux, est aussitôt intervenu pour lui demander de se calmer et de quitter la salle.
Un mois de prison avec sursis En réponse, l'acteur l'a copieusement insulté et lui a donné un coup de tête. Mais cette fois, ce n'était pas du cinéma. Omar Sharif est sorti du casino encadré par les policiers et a fini la nuit en garde à vue au commissariat d'Enghien. Plus discrètement, la direction du premier casino de France - le seul en région parisienne - a signifié la semaine suivante à son client « régulier mais difficile » qu'il était désormais interdit de séjour dans l'établissement. Un mois plus tard, revoyant son altercation filmée par les caméras de surveillance du casino dans la salle d'audience correctionnelle, le comédien égyptien a joué profil bas. Ne s'expliquant pas son accès de violence, il a exprimé ses « sincères regrets » au policier qu'il avait frappé, lui occasionnant un jour d'ITT (interruption temporaire de travail). La juge a entendu ses regrets et tenu compte de la virginité de son casier judiciaire, en étant moins sévère que le procureur qui réclamait quatre à six mois d'emprisonnement avec sursis à l'encontre de l'irascible joueur. Le condamné n'a pas pour l'instant exprimé le souhait de faire appel.
(source : Leparisien.fr/Eric Bureau)