Après des années de progression, les quatre casinos de Côte-d'Armor souffrent. En cause : la baisse du pouvoir d'achat, la crise et l'interdiction de fumer.
L'état des lieux. Comme les 193 autres casinos français, les établissements costarmoricains ne garderont pas un souvenir impérissable de 2008. La profession parle pour l'année écoulée d'une chute moyenne de 10 % du chiffre d'affaires.
Le casino de Saint-Quay-Portrieux (Groupe Aupiais) est le seul à tirer son épingle du jeu avec une fréquentation stable et un produit brut des jeux - différence entre les mises et les gains, équivalent du chiffre d'affaires des casinos - qui s'élève à 11 millions d'euros. Les jeux de table, dont le poker, représentent 8 à 10 % du chiffre d'affaires réalisé par les 120 machines à sous.
Au casino de Fréhel (Groupe Aupiais), situé sur la plage de Sables-d'Or-Les-Pins, le chiffre d'affaires (4,8 millions d'euros) est en baisse de 1 %. « Nous avons cependant une augmentation de 14,5 % en décembre 2008 par rapport à décembre 2007 », précise Hugo Corbillé, le directeur. Le casino du Val-André (Groupe Partouche) perd 6 % de fréquentation et a engrangé 6,2 millions d'euros. À Perros-Guirec (Groupe Barrière), moins 5,8 % de clients et un produit brut des jeux à 9 millions d'euros.
Ce qu'en disent les dirigeants des établissements de jeux. « C'est normal que le marché se stabilise, indique Hugo Corbillé, président du casino de Saint-Quay-Portrieux. Pendant 10 ans nous avons eu une progression à deux chiffres puis à 8 et 9 % sur cinq ans. »
Selon Patrice Le Brun, directeur du casino du Val-André, les causes sont diverses : « L'interdiction de fumer en janvier, l'accroissement des contrôles d'alcoolémie le soir, le manque de touristes l'été dernier et la crise actuelle qui développe inquiétude et crainte du chômage. »
Pour Jean-Michel Le Déon à Perros-Guirec, la baisse de fréquentation a débuté en juin « avec une nette dégradation. Pour 2009, tout dépend du contexte social, nous ne sommes pas prioritaires dans la consommation des ménages ». Face à cette baisse de fréquentation, tous les directeurs de casinos développent les animations et les spectacles.
Au-delà de la crise, les casinotiers ont également dû composer cette année avec l'application dans leurs établissements de la loi antitabac et l'explosion des jeux sur internet.
Ce qu'en disent les maires. Les prélèvements sur le produit brut des jeux vont pour leur plus grande part (85 %) à l'État et pour le solde (15 %) aux communes les accueillant, dont ils assurent une part importante du budget. Autant dire que les maires des communes concernées regardent l'activité des casinos de très près actuellement. Comme à Perros-Guirec où le casino a redistribué quelque 1,2 million d'euros en 2007. « Cela représente entre 8 à 10 % de nos recettes », confie Yvon Bonnot, maire de Perros.
S'il estime sa ville moins vulnérable que d'autres pour qui les casinos représentent parfois jusqu'à 30 % des rentrées financières, Yvon Bonnot n'en reste pas moins inquiet. « Moins de recettes pour les collectivités, ce sont moins d'investissements, explique-t-il. Des chantiers notamment qui font travailler les entreprises locales. Avec des recettes également en baisse en provenance de l'État, ça finira par faire beaucoup... »
(source : dinan.maville.com/Ouest-France)