Les casinos des deux capitales du jeu pourraient voir leurs revenus chuter de 15% en 2009.
Haut lieu du jeu en Asie, deuxième plate-forme internationale derrière Las Vegas, Macao est à son tour frappé par la crise. Le casino Venetian, où défilent chaque jour 60 000 visiteurs, a annoncé hier 500 licenciements. Un coup dur pour ce complexe ouvert depuis l'été 2007, grand comme 56 terrains de football, où les intérieurs sont ornés de 3 millions de feuilles d'or et les clients se promènent en gondole dans ses 350 boutiques. Le mois dernier déjà, le propriétaire du Venetian, le géant américain Las Vegas Sands, avait suspendu les travaux d'un autre mégaprojet de 12 milliards de dollars à Macao et mis au chômage 11 000 personnes. Sheldon Adelson, son PDG, 3e fortune américaine avant que son action ne plonge, avait dû injecter de sa poche un milliard.
La déprime frappe aussi Las Vegas. «Des géants du jeu aux simples employés qui vivent des pourboires, tous connaissent des jours sombres», écrit le chroniqueur du Los Angeles Times. «Derrière la plupart des sourires se cache une grande inquiétude», ajoute-t-il. Depuis un an, MGM Mirage, n° 1 américain avec 10 casinos sur le Strip, a licencié 3 200 personnes. Lourdement endetté, il a dû céder au début du mois l'un de ses hôtels casinos, Treasure Island, pour 775 millions de dollars et il peine à financer la dernière tranche de son mégaprojet CityCenter. L'un de ses concurrents, Harrah's Entertainment, a supprimé, lui, 1 800 emplois.
Des projets gelés
Moins paillette, Atlantic City (New Jersey) - 2e capitale du jeu aux États-Unis - n'est pas épargnée. À tel point que l'interdiction de fumer a été levée pour éviter l'érosion de la fréquentation de ses onze casinos. Au cours des onze premiers mois de l'année, leurs revenus ont, en effet, reculé de près de 7 % par rapport à l'an passé. 1 500 employés ont été licenciés.
Partout, le constat est le même : frappé de plein fouet par la crise économique, le monde du jeu s'apprête à vivre une année 2009 difficile. Les mastodontes de Las Vegas pourraient voir leur chiffre d'affaires chuter de 10 à 15 % l'an prochain. «En juillet et en août, nous avons vraiment commencé à sentir la pression et le fond a été atteint en septembre», explique le vice-président de MGM Mirage. En octobre déjà, pour le dixième mois consécutif, les revenus du jeu de la ville ont chuté (- 26 %). Par ailleurs, les visiteurs y sont 10 % moins nombreux que l'an passé. De leur côté, les compagnies aériennes ont réduit de 15 % leur nombre de sièges au 4e trimestre. Enfin, le chômage atteignait en novembre 7,9 % à Las Vegas, contre une moyenne nationale de 6,7 %. Un retournement d'autant plus brutal que la capitale mondiale du jeu avait connu ces derniers temps une vraie fièvre de construction. Il faut s'attendre à voir de nombreux projets retardés, selon la Deutsche Bank, à l'image d'Echelon (Boyd Gaming), une opération à 5 milliards de dollars suspendue depuis août. À Macao, MGM Mirage a également gelé un projet de complexe. Selon les analystes, les malheurs de Macao, où les revenus des casinos devraient chuter en 2009 de près de 15 %, pourraient profiter à une destination émergente, Singapour, avantagée par sa fiscalité.
Autant de signaux d'alerte qui n'effraient pas Steve Wynn, un magnat de Las Vegas qui a ouvert lundi encore un hôtel casino de 2 000 chambres dont l'un des restaurants est décoré de 90 000 cristaux Swarovski. Il parie sur des discounts pour assurer 95 % de remplissage.
(source : lefigaro.fr/Keren Lentschner)