Au Casino Barrière, nombre de joueurs sont aussi des fumeurs. Le plébiscite des Vaudois contre la cigarette dans les lieux publics n’enchante donc guère son directeur. Lequel craint de voir 15 à 25% de son chiffre d’affaires partir en fumée.
Cinq minutes au Casino Barrière de Montreux suffisent à s’en rendre compte: tirer sur sa clope et sur le bras des bandits manchots vont de pair. Ici, les cendriers placés tous les 50 cm sont le plus souvent bien remplis. «trois joueurs sur quatre sont aussi des fumeurs», précise Gilles Meillet. La Fédération suisse des casinos parle plutôt de un sur deux.
Quoi qu’il en soit, le directeur ne le sait que trop bien: avec l’adoption de lois antifumée, en Suisse comme à l’étranger, les maisons de jeu perdent à tous les coups! Durant le mois sans fumée, le chiffre d’affaires du Casino du Lac, à Meyrin, a chuté de 15%. Celui de Lugano de 27 %. «Normal, car les fumeurs jouent de 30 à 50% plus que les autres!» précise Michele Foletti, responsable marketing de l’établissement tessinois, lequel a fini par investir 3 millions dans un étage entièrement dédiés à cette population.
«Limiter les dégâts»
L’interdiction de fumer dans les lieux publics acceptée par les Vaudois le 30 novembre dernier deviendra effective entre juillet et septembre. «Limiter les dégâts en ne perdant que 15% de notre chiffre d’affaires – qui est, cette année, de 130 millions – et non pas 25% comme ailleurs, serait alors déjà un moindre mal qui pourrait nous éviter de devoir supprimer des postes», insiste Gilles Meillet.
Son établissement emploie pour l’instant 240 personnes. Une zone non-fumeur y existe déjà. Elle est discrètement matérialisée par des autocollants au sol mais impossible de la louper: à l’intérieur, il y a deux fois moins de joueurs qu’ailleurs. Depuis plusieurs mois, le directeur anticipe. Des deux budgets avec ou sans fumée qui avaient été établis, c’est donc bien avec le second qu’il lui faudra composer. La seule possibilité de sauver les meubles semble d’exploiter à fond la possibilité d’installer des fumoirs fermés, ventilés mais sans service . «Nous mettrons en place deux verrières face au lac. Les fumeurs ne devront pas s’y sentir comme des poissons dans un bocal. On veut quelque chose de classieux comme à l’aéroport de Zurich!» Gilles Meillet reste en revanche assez vague dans son estimation du coût de ces travaux que les contraintes du texte de loi permettront d’affiner. «Plusieurs milliers de francs en tout cas mais on ne peut pas se permettre de ne pas le faire car nombre de nos 1600 clients quotidiens viendront moins souvent, moins longtemps, voire plus du tout ou se reporteront sur les jeux en ligne. Il nous faut minimiser ce phénomène d’autant plus que la crise ne joue pas non plus en notre faveur!»
(source : 24heures.ch/LAURENT GRABET)