Les casinos avaient jusque-là réussi à résister aux soubresauts de l'économie: «Les chocs pétroliers nous sont passés par-dessus» se souvient Patrick Péquiot, directeur du casino de Saint-Julien-en-Genevois. Aujourd'hui, ce n'est plus la même, les établissements de jeu traversent une crise profonde, précipitée par l'interdiction de fumer.
Pour les communes où ils sont implantés, les casinos représentent une manne qui crée une dépendance plus ou moins grande en fonction des autres ressources. Les conséquences de la crise sévissant dans les casinos français sont d'autant plus lourdes pour les villes dont c'est le principal revenu, comme c'était le cas à Divonne-les-Bains par exemple. Mais la baisse est avérée partout.
A Annemasse, la part du produit brut des jeux reversée est considérée comme "un bonus". Un bonus qui a participé à des investissements tels que la construction de l'Espace Martin-Luther-King ou la Maison des Sports. La ville centre du Genevois a adopté un principe: affecter les recettes du casino à l'investissement, pour ne pas prendre de risque sur le fonctionnement des services.
Comment faire face en cas de baisse importante et durable de ces recettes aléatoires, quand on est une commune ayant mené un certain train de vie grâce à cette manne?
A Divonne, la casino asure 35% du budget de fonctionnement de la commune
«La baisse, il faut faire avec, répond le maire Christian Dupessey. Elle représente à peu près 20% en 2008, nous allons perdre environ un million d'euros sur un peu moins de cinq. Nous avons le choix soit de recourir davantage à l'emprunt, soit d'étaler les investissements. Nous n'augmenterons pas les investissements, mais allons essayer de les maintenir. Nous n'en sommes pas à augmenter les impôts parce que les recettes du casino baissent!»
Toujours dans le Genevois, le casino de Saint-Julien prévoit une diminution de son produit brut de 8 à 9%. Le maire relativise cette crise, «ce casino peut encore progresser» estime Jean-Michel Thénard, qui compte sur l'arrivée de la liaison autoroutière avec Annecy et le centre de loisirs Migros pour drainer du monde.
Tandis que dans le Chablais, la baisse de 17% du produit brut des jeux du casino d'evian va se traduire pour la ville par une diminution de 300 000 à 400 000€ de ses recettes, alors qu'il faut continuer à faire fonctionner les équipements haut de gamme de la station classée.
Trouver d'autres recettes
Saint-Gervais fait partie de ces villes qui ont d'autres recettes que le casino et se trouve donc moins fragile, même s'il faut accuser 15% de moins sur 800 000 € par rapport à 2007 et donc rester prudent face à un phénomène n'arrivant pas par surprise. Quant à Megève, elle n'attend pas après son casino pour vivre. Chamonix avait anticipé le manque à gagner de 100 000€.
Au début des années 2000, l'argent versé par le casino de Divonne-les-Bains représentait 75 à 80% du budget de fonctionnement de la commune, totalement dépendante. La municipalité s'est efforcée de réduire ses dépenses, les ramenant à 35%. Mais il a surtout fallu trouver d'autres revenus, qui sont rentrés dans l'escarcelle de la station thermale grâce à des entreprises qui ont généré de la taxe professionnelle.
(source : ledauphine.com/Catherine PONCET)