«Il y a un temps pour gueuler, un temps pour agir. On ne m’a jamais écouté alors maintenant je vais agir.» Cette promesse, Patrick Partouche, président du directoire de la chaîne de casinos du même nom, l’a faite ce jeudi matin, en marge du colloque sur les conditions d’ouverture du marché des jeux et des paris en ligne. Et elle risque effectivement de faire du bruit dans le monde des jeux, mais aussi dans le monde judiciaire.
Dans une quinzaine de jours, Patrick Partouche devrait permettre de jouer de l’argent réel, sur son site de jeux de poker, de paris sportifs et de casinos en ligne. Le site existe déjà, mais jusqu’à présent, il n’autorisait pas les mises réelles. Le groupe opérera cette nouvelle activité sous une licence de Gibraltar et une autre de Malte, qui lui permettra de contourner la législation nationale qui interdit de le faire pour le moment depuis la France.
«C’est censé être interdit, mais tous les sites installés à Malte ou à Gibraltar, sont là ce matin, ils parlent à la tribune, ils sont sur la même longueur d’ondes, explique le casinotier. Les casinos sont les grands perdants de l’histoire. Alors je ne vois pas pourquoi moi, je ne pourrais pas faire comme eux. Et si on m’attaque en justice pour faire fermer mon site, il faudra faire fermer tous les autres. Quand on est joueur, on appelle cela un coup forcé.»
«Plans sociaux»
En réalité, le site aurait dû être ouvert totalement il y a une semaine et Patrick Partouche comptait lancer sa «bombe» durant le colloque. Pour lui, comme pour l’ensemble des casinos français, il y a urgence à trouver de nouvelles sources de financement avec la concurrence d’Internet. A la fin du mois, les casinos devraient annoncer une baisse globale de 10% de leur chiffre d’affaires. «Il y aura des plans sociaux», prédit-on en interne.
«Tous les jours, nos clients sont sollicités par les sites de jeux sur Internet, explique Georges Tranchant, président du groupe éponyme. Ils peuvent jouer chez eux en fumant alors que chez nous c’est interdit, sans qu’il ne se passe rien.» Luc Leborgne, directeur de Viking Casinos, est encore plus énervé au sortir du colloque: «Il y a dans cet endroit tout un tas de gens mis en examen qui pratiquent une activité illicite et la police n’est pas là pour les arrêter.»
La baisse d’activités des casinos pose aussi un problème aux collectivités, certaines communes tirant la moitié de leurs revenus des taxes sur les établissements de jeu. « Oui, les villes vont souffrir, mais s’il faut fermer des casinos, j’irais moi-même le faire, annonce Patrick Partouche. Je donne 58% de mes recettes pour avoir le droit d’exploiter un monopole. Je suis d’accord. Encore faut-il qu’il y ait un monopole.»
(source : 20mi
nutes.fr/David Carzo
n)