« Il est indispensable que les priorités d'emploi, à compétences diplômes et égaux, soient mieux respectées dans le secteur privé, particulièrement par les sociétés dont l'État est actionnaire. » Stéphane Valeri, président du Conseil national, vient de rappeler une nouvelle fois la règle.
En conférence de presse, il a distribué un courrier concernant la Société des bains de mer (SBM) - et plus particulièrement les jeux - qu'il a adressé, avec le vice-président Bernard Marquet, le 3 septembre dernier, au ministre d'État Jean-Paul Proust :
« Nous réitérons (...) avec force le principe essentiel selon lequel la priorité nationale doit s'appliquer non seulement à l'embauche, mais également pour les avancements et les promotions au sein des casinos, et plus généralement pour l'ensemble de l'administration et du secteur hôtelier de la SBM. (...)
« Il est par ailleurs indispensable que la SBM recrute d'avantage de jeunes nationaux diplômés à des postes d'encadrement, et leur offre la possibilité de faire carrière au sein de la société ».
Des « ferments de haine » selon l'opposition
Pour Laurent Nouvion, de "Rassemblement et Enjeux", le point de vue de Stéphane Valeri « est humainement inacceptable ». Le leader du parti de l'opposition explique : « La SBM est un endroit où, d'une façon générale, la priorité d'emploi s'applique. Je fais toute confiance aux dirigeants et aux syndicats pour trouver des solutions au cas par cas, dans la discussion. Comment peut-on affirmer vouloir protéger les enfants du pays et les traiter comme cela ? C'est créer les ferments de haine, de ressentiments. »
Interrogée sur la question, la direction de la SBM nous a fait savoir par l'intermédiaire de son service de presse qu'elle n'a aucun commentaire à faire.
Pas très bavard non plus, Jean-Michel Rapaire, Monégasque, secrétaire général du syndicat des Jeux Américains au Café de Paris : « C'est un problème politique et non un problème de syndicat. Je n'ai pas de commentaire à faire sur le courrier du Conseil national. » Ce responsable syndical ajoute cependant : « Tout le personnel non-monégasque est abattu et démotivé. Si la SBM faisait un geste pour eux (notamment la prise en compte de l'ancienneté), ce serait la moindre des choses... ».
« De la discrimination »
Cette règle ancienne de la priorité de l'emploi, particularité monégasque est, semble-t-il, bien mal vécue par les "non-prioritaires", à commencer par les étrangers les plus concernés : les Français.
Un croupier français, qui souhaite conserver l'anonymat, salarié depuis 18 ans, explique : « C'est de la discrimination. Les Italiens et les Français sont comme la 5e roue du carrosse. Nous voulons tout simplement, et en toute logique, progresser au sein de notre entreprise. Ici, c'est quasiment impossible. »
Secrétaire général adjoint du syndicat des Jeux Américains, Blaise Devissi rajoute quant à lui : « Ce que nous souhaitons, c'est que les Monégasques soient considérés comme les autres, et non qu'ils soient cantonnés à la SBM, à la mairie ou au gouvernement. » C'est-à-dire le même droit pour tous.
Les Monégasques sont en effet très peu représentés dans le secteur privé. Ils étaient moins de 1 000 en 2007, contre près de 30 000 Français (1) dans ce même secteur privé. « Le résultat d'une idée fausse, bien encrée, selon laquelle il est impossible de licencier un Monégasque » souligne Stéphane Valeri.
(1) Le total de la population salariée du secteur privé étant de 44 482.
(source :
monaco.maprincipaute.com/
monaco-Matin)