Le casino de Lille soufflera bientôt sa première bougie. Ouverte le 1er novembre dernier, sa version « provisoire » peut déjà s'offrir un premier bilan. Celui-ci s'annonce en demi-teinte. Cette année, les établissements français ont connu un sérieux renversement de tendance. Et le vent mauvais n'a pas contourné Lille. Les responsables du casino n'en maintiennent pas moins le cap : la sortie définitive de terre, dans un an, d'un immense complexe de loisirs.
Pour l'heure, la partie se déroule encore à l'Avant-première, un site temporaire dont les néons et autres bandits manchots demeurent noyés dans les méandres d'Euralille. Directrice générale du casino Barrière de Lille, Patricia Legros connaît cependant sur le bout des doigts ce qui émergera finalement « en face », sur un chantier des Dondaines.
Aux côtés de la DG, John Banizette, le chef de projet du futur établissement, et Benoît Vasse, le directeur marketing, complètent régulièrement les descriptions. Un périmètre d'Euralille aura toutes les chances de se métamorphoser en mini Las Vegas avec visibilité optimale : sur les flancs de Lille Grand Palais. À la clef, une capacité de 4 700 personnes pour les deux restaurants, les trois bars, les salles de jeux et la salle de spectacle confondus. L'hôtel prêt à surgir de terre ? Un potentiel de 900 clients, entre le restaurant, le bar, les chambres et les espaces « affaires » et « détente ».
Complexe stratégique
C'est que le futur complexe apparaît de plus en plus stratégique. S'il s'agissait, il y a quelques années, de doter une métropole majeure d'un casino, une autre mission - visiblement centrale - émerge : rebooster le secteur du jeu. En août, l'organisation patronale Casinos de France annonçait, pour toute la France, un « recul d'activité de l'ordre de 19 % » en juillet 2008, comparé à juillet 2007. De janvier à août, cette baisse représente, toujours selon Casinos de France, 12,6 %.
Coup de poker booster
« À Lille, nous avions un objectif de 800 entrées par jour à partir du 1er février, compare sobrement Patricia Legros. Le résultat est de 600. » Le souci ? L'interdiction de fumer dans les lieux publics ou encore l'obligation faite aux établissements de réclamer une pièce d'identité à l'entrée. « Le cas typique, c'est le groupe de six amis débarquant un samedi soir, commente la DG. L'un d'eux a oublié ses papiers ? Les six tournent les talons... » À cela s'ajoutent des aléas très lillois : la difficulté de trouver le lieu ou encore le cheminement parfois ardu entre les parkings alentour et l'établissement, notamment la nuit...
Cependant, malgré cette première année mi-figue, mi-raisin, l'équipe lilloise affiche une satisfaction certaine. « La qualité de nos services est bonne, souligne John Banizette. Les machines à sous ont drainé du public. » « En juin, nous avons mis en place le Hold'em Poker », complète Benoît Vasse. « Ça a démarré tout de suite », rebondit Patricia Legros.
L'été a tout de même été, pour les responsables du casino, générateur d'angoisses. Et finalement... Un client a su tirer le jackpot progressif (106 586 €) « et juillet et août ont été de bons mois de fréquentation », se réjouit Benoît Vasse. Les responsables de l'Avant-première attribuent ces scores encourageants à une campagne de marketing, notamment sur les vélos taxis. Preuve qu'il faut savoir attirer les clients un par un s'il le faut.
La mise à venir ? Elle se confirme dans le « triangle d'or ». Il ne s'agit pas là d'une nouvelle attraction, mais du surnom donné à Lille par les responsables de Barrière. Lille, creuset où Parisiens, Belges, Britanniques, ajoutés aux nordistes, pourront jouer. Débarquant de la gare TGV et s'engouffrant dans un complexe plus que jamais voué à devenir une locomotive du groupe Barrière. •
(source : lavoixdu
nord.fr/LAKHDAR BELAÏD)