De Deauville à Cannes, les machines à sous font rêver et rapportent beaucoup d'argent... aux propriétaires de ces établissements pas comme les autres.
Aujourd'hui, ce petit monde s'avère de plus en plus concentré et les exploitants indépendants ont bien du mal à résister à l'appétit des grands groupes. Derrière les tapis rouges, deux familles, deux groupes se partagent les meilleurs jetons : Partouche et Lucien Barrière. Un troisième larron, l'Européenne de Casinos, a été avalé l'année dernière par le Groupe Partouche au terme d'une bataille boursière mémorable. Finalement, ce dernier est parvenu à emporter la mise au détriment du groupe Accor, pourtant géant mondial de l'hôtellerie. En trente ans, Isidor Partouche a créé un groupe solide devenu avec le raid gagnant sur l'Européenne de Casinos le numéro 1 français avec 29% de parts de marché (51 casinos en France, 7 à l'étranger). Le groupe a réalisé sur son dernier exercice fiscal un chiffre d'affaires en hausse de 28% à 371,98 millions d'euros (+37,6% au premier semestre 2003). Si l'acquisition de l'Européenne de Casinos a pesé sur les comptes, Partouche n'a pas plongé dans le rouge et réalisé un bénéfice net de 22,46 millions d'euros, en recul de 34,5%. L'alourdissement de la taxation sur le produit des jeux depuis le 1er mai 2002 n'a pas empêché le résultat d'exploitation de croître de 5% à 82,85 millions d'euros. Revers de la médaille, Partouche cumule un endettement important qui représente 2,2 fois les fonds propres. La direction s'est engagé à ramener ce ratio autour de 1-1,5 et la cession de plusieurs actifs paraît à ce titre assez probable. Quant au titre coté sur le Premier marché, après une chute brutale des cours en mars, il a retrouvé ses niveaux du début de l'année.
Prudence
Le grand rival de Partouche, le groupe Lucien Barrière dispose d'une structure plus complexe. Si la société des hôtels et casinos Lucien Barrière (SHCLB) n'est pas cotée, deux de ses filiales sont en Bourse : la SFCMC (société fermière du casino municipal de Cannes) et la SHCD (société des hôtels et casino de Deauville). La société de tête a tenté en juin 2002 de lancer une double-OPA sur ses deux filiales. Problème : certains actionnaires de la SHCD, dont le groupe Accor qui possède 35% du capital, contestaient le montant des redevances à verser à la SHCLB au titre de l'utilisation de la marque Lucien Barrière. La situation est aujourd'hui bloquée et revenue au point de départ. Arrivé à la tête du groupe après le décès de sa femme en 2001, la fille de Lucien Barrière, Dominique Desseigne s'est peu à peu imposé. Le développement de l'enseigne, propriétaire de plusieurs hôtels prestigieux (Majestic et Gray d'Albion à Cannes, l'Hermitage à la Baule) et du Fouquet's à Paris, s'étend maintenant à l'étranger avec la reprise du casino de Montreux en Suisse et le lancement d'un grand projet hôtelier à Marrakech. Lors de la dernière assemblée générale de la SHCD, Dominique Desseigne a annoncé la division par deux du dividende net à 1,5 euro par action. S'il table sur une croissance du bénéfice net cette année, l'augmentation du taux de prélèvement sur les jeux doit inciter les actionnaires à la prudence. La rigueur a même gagné les rivages de Deauville et de la Croisette.
(source : D
na.fr/Julie
n Gautier)