En juillet 1995, un avion privé qui transporte Diane Barrière-Desseigne, la fille adoptive de Lucien Barrière, l’ « empereur des casinos », se crashe en Vendée. Alors âgée de 38 ans, la riche héritière, gravement brûlée, échappe à la mort, mais sa vie est brisée. Elle restera tétraplégique jusqu’à sa mort le 18 mai 2001. Ce sont son mari, Dominique Desseigne, un ami de Nicolas Sarkozy, et ses enfants, Alexandre, 19 ans, et Joy, 16 ans qui héritent du puissant groupe Lucien Barrière (13 palaces, 30 casinos, 80 restaurants et des complexes thermaux, des golfs et des boîtes de nuit).
Dans sa dernière édition, le Journal du Dimanche révèle que la justice vient de reconnaître la responsabilité de l’Etat dans l’accident. Déjà, dans un premier temps, l’enquête avait mis directement en cause la compagnie d’aviation et l’équipage. Le pilote n’était pas qualifié pour voler aux instruments, alors que les conditions météo, très mauvaises, le jour du crash, l’exigeaient. Par ailleurs, la cause première de l’accident — une panne de kérosène —indiquait que la préparation du vol n’avait pas été faite selon les règles (notamment l’obligation de s’assurer que l’avion dispose de suffisamment de carburant pour rejoindre sa destination). Enfin, la compagnie impliquée, Centre Aff’ Air, n’était pas habilitée à transporter des passagers !
Curieusement, les autorités aéronautiques, le bureau régional de la DGAC (direction générale de l’aviation civile), étaient au courant, mais fermaient les yeux, car, note le JDD, Centre Aff’ Air avait été montée « avec le concours de la Chambre de commerce et d’industrie et du Conseil générale de l’Indre pour développer l’activité économique du département ».
Refusant de se tenir pour battu face à une justice qui traînait les pieds, Dominique Desseigne a engagé une longue procédure — treize ans ! — qui a fini par porter ses fruits. La 1ère chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a validé la mise en examen d’un fonctionnaire de la DGAC et la cour administrative d’appel de Paris a finalement reconnu la responsabilité de l’Etat, considérant que la DGAC n’avait exercé qu’une surveillance très insuffisante sur la compagnie Centre Aff’ Air, même si l’on ne saurait lui attribuer la responsabilité entière du crash, compte tenu des fautes de pilotage de l’équipage.
L’affaire n’est pas terminée pour autant, le ministère des Transports, autorité de tutelle de la DGAC, s’étant pourvu en cassation, en insistant sur ce qui, selon lui, reste primordial : l’accident est d’abord dû à des fautes de pilotage.
Certes, mais il n’en reste pas moins que, si l’administration avait fait son travail, le pilote n’aurait pas obtenu les autorisations de vol ce jour-là.
(source : purepeople.com)