Berne (AWP/ats) - Quelque cinq millions de personnes ont franchi les portes d'un casino en 2007 en Suisse. Elles y ont laissé 908,8 millions de francs, soit 5,4% de plus qu'en 2006. Un peu plus de la moitié de cette somme a été reversée à l'AVS et aux cantons.
Les 17 établissements membres de la Fédération suisse des casinos (FSC) ont versé 482,2 millions de francs d'impôts en 2007. L'AVS a reçu 421 millions, les cantons 61,2 millions dont une part est redistribuée aux communes abritant une maison de jeux, a expliqué Daniel Frei, président de la FSC, jeudi devant la presse à Berne.
A cela s'ajoutent les contributions des deux casinos de Meyrin (GE) et Crans-Montana (VS), non-membres de la FSC. Au final, la somme reversée est "du même ordre de grandeur" que celle versée par la Loterie romande et Swisslos à des fins d'utilité public, selon M. Frei.
Les casinos aussi participent donc au bien commun, a souligné le président. Et il n'y a pas de raison d'augmenter les impôts sur les maisons de jeu, comme pourrait l'impliquer un oui à l'initiative populaire "pour des jeux d'argent au service du bien commun", lancée en avril par la Loterie romande.
La Fédération suisse des casinos estime inutile une nouvelle réglementation alors que celle sur les maisons de jeux n'a que six ans. M. Frei s'est dit confiant dans le Parlement pour qu'il ne soutienne pas l'initiative.
D'autres défis attendent dans un proche avenir les casinos, à l'instar des tournois de poker organisés en-dehors de leurs enceintes. La commission fédérale des maisons de jeux a, en décembre 2006, estimé que certains de ces tournois étaient des jeux d'adresse et non plus de hasard. De ce fait, ils ne sont plus soumis aux même règles strictes que les parties organisées par les casinos, a dénoncé Marc Friedrich, directeur de la FSC.
Une plainte, toujours pendante, a été déposée auprès du Tribunal administratif fédéral afin de clarifier la situation. "Nous ne demandons pas l'interdiction des parties de poker dans la sphère privée. Mais nous sommes contre le développement d'un marché parallèle sans aucun contrôle", a précisé M. Friedrich.
Et de rappeler que les maisons de jeux sont tenues de respecter certaines règles: elles doivent notamment disposer d'un concept social visant à prévenir les dépendances au jeu. Parmi les mesures prises figure l'exclusion de joueurs. En 2007, près de 2700 nouvelles personnes se sont vues interdire l'entrée des casinos, dans le 80% des cas sur une base volontaire, a-t-il dit.
Les casinos voient également d'un mauvais oeil la prolifération de règlements cantonaux, plus ou moins stricts, sur la fumée passive. Daniel Frei plaide pour une solution fédérale réaliste qui mettrait fin à une distorsion de la concurrence. "Les joueurs sont très mobiles et privilégient actuellement les casinos sans interdiction de fumer", a-t-il assuré.
Cet argument n'est toutefois pas avancé pour expliquer la baisse de 3,2% du produit brut des jeux (PBJ) au casino de Mendrisio (TI), devenu non-fumeur depuis avril 2007. L'ouverture du casino de Campione d'Italia, au bord du lac de Lugano en mai 2007, est bien plus pointée du doigt par le directeur de la FSC.
Et puis, il est aussi plus difficile de progresser une fois qu'on est au plus haut niveau, a-t-il dit. Le casino de Mendrisio est en effet le leader du classement avec un produit brut de plus de 128 millions de francs.
Il est le seul au bénéfice d'une concession B (mises et nombre de jeux limités) à figurer dans le top cinq des casinos. Derrière lui suivent les casinos de Montreux (VD), Lugano, Baden et Bâle. Tous dépassent la barre des 100 millions de francs de PBJ.
Les suivants sont loin derrière avec des chiffres d'affaires oscillant entre 58 millions (Berne) et 3,3 millions (Davos). Trois casinos ont particulièrement progressé en 2007, il s'agit de Courrendlin JU (+24,1%), Fribourg (+14,9%) et Montreux (+12,9%).
(source : romandie.com/ats/jq)