Une dizaine de casinos victimes, et 39 750 € raflés aux tables de stud poker
Pour Gavril et Simona Gal le grand bluff c'est fini. La vie de château aussi. Depuis septembre dernier ils croupissent en prison après avoir hanté les plus beaux casinos de l'Hexagone. Même confronté aux images vidéos de ses habiles manipulations, Gavril, un Roumain de 40 ans, persistait jusqu'à présent à nier l'évidence. Au risque de tout perdre. Il n'était selon lui qu'un joueur de poker professionnel, pas un tricheur.
12 600 € au casino de Divonne
Face à ses juges il s'agissait juste pour le couple de sauver la mise. Profil bas et cartes sur tables après des mois de poker menteur avec le juge d'instruction. Des faits désormais « reconnus » et presque une forme de surenchère quand Simona jure que tout est de sa faute.
Avant que son mari, beau joueur, reprenne la main : alors qu'elle se contentait de changer les jetons, c'est bien lui qui s'installait aux tables de stud poker (une des nombreuses variantes de ce jeu) et cornait habilement le coin des grosses cartes, différemment selon la couleur. C'était ensuite un jeu d'enfant de les repérer pour tromper le croupier et rafler la mise.
Une combine invisible à l'oeil nu mais qui pouvait rapporter gros. 12 600 € au casino de Divonne-les-Bains, 5 400 à Boulogne-sur-Mer, 1 350 à la grande-Motte. En tout 39 750 € en comptant ceux qui n'ont pas porté plainte, à Bordeaux, au Touquet, ou encore au Havre.
Pour brouiller les cartes, le couple changeait régulièrement de ville et utilisait de faux papiers d'identité espagnols ou portuguais. Car ils étaient déjà persona non grata dans plusieurs casinos depuis fin 2005 pour « marquage des cartes ». Repérés de nouveau à Divonne-les-Bains en novembre 2006, les deux Roumains font alors l'objet d'une enquête des Renseignements généraux. Et en décembre ils sont vu fuyant le casino après avoir réalisé que le croupier changeait désormais les cartes toutes les demi-heures. C'est finalement au casino de Carnac qu'ils seront arrêtés en septembre 2007 avec 12 700 € en poche et une belle collection de bijoux.
Un « escroc professionnel »
« Je suis un malade du jeu, j'ai tout vendu en Roumanie. On m'a interdit de casino parce que je gagnais trop. Il y a déjà assez d'imbéciles pour perdre » a expliqué Gavril au tribunal. Dernier coup de poker pour amadouer le tribunal. Coup tordu pour le procureur Gandolière qui a stigmatisé cet « escroc professionnel » et réclamé quinze à dix-huit mois de prison contre lui, un an dont la moitié de sursis pour son épouse.
La peine sera légèrement adoucie pour lui, un an ferme, après la plaidoirie de Me Audineau, qui a rappelé son absence d'antécédants judiciaires et son addiction maladive au jeu. Mais le couple sera désormais interdit de territoire pour cinq ans et devra rembourser une grosse ardoise. On ne peut pas gagner à tous les coups.
(source : leprogres.fr/Frédéric Boudouresque)