Les opposants accusent la mairie d'avoir dissimulé un rapport classant la zone inondable en « aléa très fort » qui interdirait toute construction sur le site.
Alors que le casino du Groupe Barrière est sur le point d'ouvrir ses portes sur l'île du Ramier, les opposants au projet ne désespèrent pas de parvenir à le faire démolir. Ils viennent en effet de mettre la main sur le rapport du bureau d'études SOGREAH stipulant que le casino se trouve en zone inondable d'aléa très fort. « Autrement dit en zone où toute construction, et en particulier d'un établissement recevant du public, est purement et simplement interdite », assène Me Christophe Lèguevaques, l'avocat de l'association Casino, non merci. Étrangement, la ville a oublié de transmettre ce rapport qui compromet la réalisation du casino ». Un document que David Parré, le directeur du casino dit ne pas connaître, pendant que la préfecture, hier, n'a « pas souhaité communiquer sur le dossier du casino ». Dans un mémoire contre le permis de construire déposé mercredi dernier au tribunal administratif de Toulouse, je pointe cette dissimulation d'informations qui révèlent une prise de risque inconsidérée aux conséquences désastreuses pour les Toulousains », observe Me Lèguevaques.
À en croire la présidente de l'association, Marie-Christine Couthenx, en cas d'inondation, l'évacuation du casino, susceptible d'accueillir plus de 4 500 personnes, virerait au cauchemar. Notamment compte tenu de l'étroitesse des voies d'accès et d'une chaussée à peine plus élevée que le niveau de la Garonne dépourvue de digues de protection : « En améliorant l'aménagement des berges, ils ont réduit la largeur de la route. Je ne vois déjà pas comment des bus pourraient se croiser, alors s'il faut évacuer la partie la plus submersible de l'île… »
Jean-Paul Escudier, conseiller municipal chargé du dossier réfute toute dissimulation d'informations : « Personne n'a eu recours à la commission d'accès aux documents administratifs. De toute façon, ce qui compte c'est le rapport de la direction de l'Équipement et le permis de construire validé par le préfet. Je n'ai par ailleurs reçu aucune injonction de communiquer ce rapport. » Patience, conseille Me Lèguevaques, une requête en référé vient d'être diligentée devant le juge administratif pour qu'il soit donné injonction à la ville de communiquer ces documents qui dérangent ».
Quant aux risques eux-mêmes, l'élu les juge maîtrisés : « Il y a un tel cortège de garanties… » Parmi lesquelles Jean-Paul Escudier cite la construction sur pilotis dépassant la norme fixée par la crue centennale de 1875, le système d'alerte six heures avant l'arrivée de l'inondation, et le respect scrupuleux des procédures : « Un commissaire enquêteur nommé par le tribunal administratif s'est penché sur le sujet, la préfecture a donné son accord, j'ai personnellement été longuement interrogé par la commission des jeux sur l'inondabilité… Le système d'évacuation a été particulièrement bien étudié ; il est prévu pour permettre d'évacuer un casino même sur-occupé. »
Reste que si les opposants ont échoué à faire retoquer le permis de construire en référé, la justice n'a pas encore statué au fond. Le tribunal devrait se prononcer d'ici à la fin 2008.
(source : ladepeche.com/Jean-Louis Dubois-Chabert)