Si David Parré, directeur général du CASInO de Toulouse, ne laisse rien au hasard, il joue tout de même la carte de la chance. A huit jours de l'ouverture de son gigantesque établissement, dont le chiffre d'affaires prévu (50 millions d'€) devrait en faire le premier du Grand Sud, ce self-made man qui a grandi dans le groupe Barrière attend l'autorisation d'installer trois tables de «Texas Hold'em poker». Avec ou sans Patrick Bruel, ce poker où l'on peut jouer jusqu'à dix joueurs les uns contre les autres, et non plus contre la banque, fait fureur en France depuis deux ans . Pour s'asseoir à la table du défi comme dans le dernier James Bond, il faudra montrer 200€ au moins, 1000€ au maximum.
Un souterrain sous l'école de chimie. L'accès aux tables de black jack, roulette anglaise, punto banco, boule et traditionnel stud poker est moins élevé: de 2 à 10€. Pour les 250 machines à sous, 1€ suffit, fractionnable pour certaines en 5 centimes. Mais on pourra fréquenter le CASInO sans abandonner son argent au hasard: symbole d'une nouvelle génération, le CTB se veut complexe de loisirs, doté d'un grand théâtre transformable, de restaurants - dont un à l'enseigne du Fouquet's - de cafés sportif ou branché, et d'écrans plasma à tous les étages.
En attendant, mercredi, la visite de la commission de sécurité qui devrait autoriser l'ouverture au public, c'est le sprint sur l'île du Ramier, entre Garonne et périphérique, où le chantier s'achève. En quinze mois, pour un budget annoncé de 70 millions d'€, on a vu s'élever un immense bâtiment gris et brun, dont le délai de livraison a été tenu à deux semaines près. Une performance, compte-tenu des imprévus: la découverte d'une galerie souterraine sous l'ancienne Ecole de chimie qu'il a fallu combler, ou l'obligation de modifier les plans pour faire du CASInO un lieu totalement non fumeur (deux terrasses extérieures sont aménagées pour sortir fumer). Au sud de la ville dévasté par l'explosion d'AZF en septembre 2001, le Casino Théâtre Barrière est le premier grand chantier à sortir de terre. Signe des temps.
«Ouverture en douceur». Dans les étages de l'hippodrome de la Cépière, où le CASInO Barrière a été ouvert provisoirement en août 2006, l'école des jeux tourne encore à plein régime pour les jeunes croupiers. Face à eux, les joueurs sont les professionnels des autres équipes, restauration ou sécurité. 250 personnes, moyenne d'âge de 20 à 35 ans, ont été embauchées dans la région. Pour ne pas interrompre la continuité de service, la dernière partie à la Cépière se jouera le 3 septembre, la première au Ramier commencera le lendemain à 20h (10h pour les machines à sous). «Le matin de l'ouverture, nous ne pourrons pas offrir le niveau d'excellence du groupe Barrière», prévient David Parré, «nous parlons donc d'ouverture en douceur». En se tenant néanmoins prêts à accueillir 3000 personnes, tous les jours de l'année, entre 10h et 4h du matin.
Roger Louret et Christophe Willem. Au cœur du bâtiment, le théâtre offre une capacité de 1200 places (plus qu'une salle comme Odyssud, moins qu'un Zénith) où passeront les tournées nationales, comme Stephan Eicher (22 novembre), Adamo (2 décembre) ou Christophe Willem (9 décembre, complet). Tous les vendredis, le musical de Roger Louret «Ces années-là, 70-80» sera joué et chanté en formule de dîner spectacle.
387 caméras. Temple du jeu nouvelle formule qui fait une large place à la lumière naturelle, le CASInO reprend des allures de bunker pour ce qui est du circuit de l'argent: il circulera dans un réseau pneumatique pour atterrir dans une pièce seulement accessible par les véhicules des convoyeurs de fond.Et dans tout le CASInO, 387 caméras seront branchées en permanence et suivies d'une salle de contrôle.
(source : ladepeche.com/Pierre Mathieu)