L'introduction au 1er novembre 2006 du contrôle d'identité à l'entrée des casinos a pesé sur leur fréquentation, comme le craignait la profession. Le secteur, qui avait enregistré une timide reprise au cours de son exercice 2005-2006 (clos au 30 octobre) - avec une augmentation de 2,16 %, à 2,7 milliards d'euros du produit brut des jeux (PBJ) -, après une saison 2004/2005 marquée par la plus faible croissance depuis 16 ans (+ 1,3 %), vient de connaître un premier semestre 2006-2007 (clos au 30 avril) bien médiocre. Le syndicat patronal Casinos de France fait état d'une stagnation de l'activité, qui prend en compte les augmentations de capacités.
Le Groupe Lucien Barrière, leader du secteur avec Groupe Partouche, constate une baisse de 4 % de son PBJ à périmètre comparable. Le repli atteint 7 % à 8 % pour ses établissements du sud de la France - en concurrence avec ceux de Monaco -, tandis que l'activité est étale pour ceux du nord. Le casino d'Enghien-les-Bains (95), premier de France et sujet à un contrôle à l'entrée depuis plusieurs années, « se porte bien », affirme le président du directoire du groupe, Sven Boinet. Tranchant fait état de son côté d'un repli de 6 % à 7 % du PBJ, avec toutefois une croissance de 5 % avec ses nouveaux établissements (Pougues-les-Eaux ouvert en mars 2006, et Grau du Roi en juin).
Moliflor Loisirs évoque quatre premiers mois de l'exercice « très difficiles », avec une tendance ensuite à la stabilisation grâce notamment à l'introduction de nouvelles machines à sous à très petites mises (1, 2 et 5 centimes d'euro), et l'équipement progressif d'avaleurs de billets sur les bandits manchots, dans la droite ligne de la récente modernisation de la réglementation, qui a également « dépoussiéré » celle sur les jeux de table, et introduit le poker, sur lequel les exploitants misent beaucoup. Surtout, alors qu'ils redoutent l'impact du contrôle à l'entrée sur la saison d'été et celui des mesures contre le tabagisme (à partir du 1er janvier 2008), les professionnels se félicitent du changement de régime pour l'obtention des machines à sous, « vache à lait » du secteur.
La règle non écrite de la période dérogatoire, selon laquelle les nouveaux casinos ouvraient sans machines, et ce pendant au moins un an, paraît révolue. Le petit groupe Vikings Casinos a ainsi ouvert l'établissement de Bussang (Vosges) fin 2006 avec d'emblée une cinquantaine. Celui de blotzheim (Haut-Rhin) du Groupe Lucien Barrière, qui ouvrira en 2008, devrait également profiter de la nouvelle donne. Enfin, le secteur peut compter sur le nouveau président de la République qui a fait beaucoup pour le secteur quand il était ministre de l'Intérieur.
(source : lesechos.fr/CHRISTOPHE PALIERSE)