Loto-Québec se prépare à investir le lucratif marché du jeu dans Internet.
Le grand patron de l'entreprise a lancé un «chantier Internet» impliquant toutes les divisions de l'entreprise, nous a indiqué le premier vice-président corporatif aux communications et aux affaires publiques de la société d'État, Pierre Bibeau. Rencontré en marge d'un colloque sur le jeu à l'Université Laval, il a toutefois tenu à préciser qu'aucune échéance n'est fixée. «Ça commence.»
Loto-Québec ne sait pas quand, mais s'attend donc à se voir confier le dossier «casinos en ligne» par le gouvernement au cours des prochaines années.
«Ce n'est pas dans nos plans immédiats, mais probablement que ça va venir. L'État, il va falloir qu'il contrôle. On se prépare.»
La vache à lait québécoise ne serait cependant pas pressée d'embarquer dans le cyberjeu.
«On n'y tient pas du tout.» Elle entend toutefois être prête quand le feu vert sera donné: «On surveille ce qui se fait.»
Pour l'heure, le marché ne serait pas assez alléchant. «Les gens ne jouent pas encore beaucoup, (...) n'ont pas confiance. Ça reste encore marginal.»
Pourtant, au même moment, un conférencier assurait que 18 milliards $ seront dépensés dans les casinos, sites de pari et de poker dans Internet au cours de la prochaine année dans le monde.
M. Bibeau évalue néanmoins que les joueurs ont peur du Web. Déjà, ajoute-t-il, les loteries de la Colombie-britannique et de l'Atlantique se sont lancées dans l'aventure. Mais elles y engrangeraient seulement 1 % de leur chiffre d'affaires.
Aussi, le jeu en ligne pourrait parasiter les marchés actuels de Loto-Québec, souligne Pierre Bibeau. Les commerçants écoperaient.
Et il faudra penser aux conséquences sociales. «C'est à surveiller car les jeunes, en particulier, sont attirés.»
Jeu en ligne illégal
«Le jeu dans Internet, c'est inquiétant d'abord parce que c'est dangereux», renchérit l'ancien président de la Régie des alcools, des courses et des jeux, Charles Côté.
Les amateurs peuvent se faire voler leur identité, voir leurs dollars s'envoler pour des paradis fiscaux, ne jamais recevoir les gains et développer une dépendance seuls, dans leur sous-sol.
M. Côté prône tout de même le rapatriement du jeu Internet sous l'aile gouvernementale. «On est les dindons de la farce !» D'autres pays, des mafias empochent les profits, mais le Québec ramasse la facture sociale, fait-il valoir.
Le jeu en ligne est illégal au Québec, expose le directeur du Centre québécois d'excellence pour la prévention et le traitement du jeu, Robert Ladouceur. «On tolère»
Avant même de gérer le cyberjeu, il faut l'encadrer par une loi, selon lui. «On doit au moins prendre une position.»
(source : lapresseaffaires.com/Baptiste Ricard-Châtelain)