Agglomération Grenobloise : : Difficile de ne pas tomber dessus, devant son téléviseur ou en surfant sur la Toile. Des piles de jetons qui font le yo-yo, des paires qui perdent, des brelans gagnants et des stars comme Patrick Bruel ou Tony Parker érigés en icônes de la folie du poker.
On estime en France à plus de 500 000 les pratiquants sur les nombreux sites Internet. Dans l'agglomération grenobloise, le casino d'Uriage le teste, un site de spécialistes s'est développé (grenoblepoker . com) et un gars du coin, Yann-Erik Bourgeois, a participé il y a un an aux championnats du monde de la discipline.
Le jeu de cartes est devenu tendance. Professionnel depuis quelques années, le Grenoblois d'adoption (et Belge d'origine) Olivier Grandjean ("Dragonkiss") reconnaît que le petit écran a su "rendre ce spectacle télégénique. Les gens qui ne connaissent rien aux règles restent scotchés devant les émissions". Les caméras et les commentateurs ont rendu simple un loisir qui, selon notre champion, a tout pour plaire : "Il y a l'argent, des rapports de pouvoir, de domination, le bluff, le mensonge... ". Le poker, ce n'est surtout pas de la loterie. "Le hasard ne peut jouer qu'à court terme. Sur Internet, en l'espace d'une heure, je peux dégager les meilleurs joueurs". Les règles, suivant les variantes sont simples. Comme la version médiatique "Texas hold'em". On peut y jouer vite et pour pas grand-chose. Un dollar et vous avez accès à des parties en ligne.
L'argent est inévitable et peut piéger les flambeurs. Olivier, toujours : "Le poker, ce n'est pas un jeu de cartes qui se joue avec de l'argent. C'est un jeu d'argent qui se joue avec des cartes". Pas un hasard si le législateur s'est penché sur le sujet. On parle de blanchiment, le principal danger semble être l'addiction. "Il faut s'attribuer un budget limité", conseille Olivier. Sur grenoblepoker, vous êtes tout de suite averti, "sinon les dérapages peuvent amener à des catastrophes financières... " conclut le message en page d'accueil. L'un de ses créateurs, Yvan, ingénieur en informatique, fait "la part des choses. Il y a d'autres centres d'intérêt dans ma vie. Parfois, je peux ne pas jouer pendant plusieurs semaines".
"Une minute pour savoir jouer, une vie pour comprendre"
Sur grenoblepoker, pas question de flamber, réglementation oblige. Forums, discussions et championnat amical attirent les internautes. Yvan confirme : "Pour le lancement, en 2005, on a eu assez vite entre 50 et 100 inscrits. Aujourd'hui, on en est à plus de 390 adhérents".
On discute de tout : des tactiques, des coups imparables, des façons de bluffer. Au poker, "il faut une minute pour savoir jouer, une vie pour comprendre", dit un proverbe cher aux amateurs de quinte. Pour s'entraîner, Internet reste le plus grand terrain de jeu. Les cercles sont assez rares (le plus réputé à paris est l'Aviation Club de France) et plutôt réservés à la capitale. Les casinos s'y mettent.
Les ouvrages, en anglais à une écrasante majorité, et les logiciels de gestion des parties sont recommandés pour mieux entrer dans l'univers de ce jeu. "Un ego surdimensionné" est également requis. Mais pas uniquement. "Dragonkiss" tempère les ambitieux : "Tout le monde ne peut pas devenir un bon joueur au poker. C'est un long voyage au bout de soi-même. Cela implique un contrôle émotionnel important". Alors, tapis ?
(source : ledauphine.com/Luis PEDRO)