La Principauté de Monaco, consciente du poids grandissant des pays émergents dans le monde du jeu, fait un effort particulier en direction de la Chine, dont les plus gros joueurs pourront bénéficier de "packages" promotionnels, allant jusqu'à la gratuité complète du transport et du séjour.
La Société des bains de mer (SBM), qui a le monopole des jeux à Monaco (et qui est contrôlée par l'Etat monégasque), cible uniquement le marché "haut de gamme" des très grands joueurs.
"C'est plutôt la haute couture que le prêt à porter" qui nous intéresse, observe Bernard Lambert, directeur général de la SBM. "Nous ne sommes pas à la recherche du mass-market. Nous avons une sélection de joueurs importants qui, pour le moment, fréquentent Las Vegas et Macao" et que la SBM souhaite faire venir, au moins en partie, vers Monaco, poursuit-il.
Ces derniers mois, la Principauté a mené plusieurs opérations pour repérer les gros joueurs, à Shanghai, Hong Kong, Canton, Pékin, grâce à un petit réseau de représentants, chargé de pénétrer les clubs exclusifs (country clubs, clubs de golf, clubs de cigares...) et de "travailler" les magazines spécialisés.
Plusieurs de ces gros joueurs sont déjà connus: "Ce sont souvent des entrepreneurs, le risque fait partie de leur vie", explique Axel Hoppenot, directeur marketing et commercial de la SBM.
Un "très gros joueur", pour la SBM, est une personne ayant un niveau de jeu de 1 million d'euros ou plus. Ceux qui n'ont pas ce potentiel, ne sont pas négligés pour autant: "nous avons une politique d'invitation assez agressive dès 15.000 euros", précise M. Hoppenot.
A l'intention des joueurs chinois, des "packages" spéciaux sont confectionnés, comprenant l'hébergement, la restauration, les spectacles et le "bien-être" (spa, thalassothérapie...). A quoi s'ajoutent les atouts bien connus de Monaco: confidentialité et sécurité, avec un taux de délinquance parmi les plus bas du monde.
Les plus gros joueurs pourront être invités (ou réinvités) totalement ou partiellement à Monaco, en fonction du montant de leur jeu, et cela qu'ils aient gagné ou perdu.
Le chinois, joueur invétéré, est plus particulièrement friand du "punto banco", un mini-baccara, qui se joue contre la banque. 90% des chinois qui viennent à Monaco, jouent au punto banco: "Ils aiment les cartes. Ils veulent toucher, ils triturent", explique M. Lambert.
La campagne marketing en direction du marché chinois a dépassé le stade des balbutiements: durant les dix premiers mois de 2006, les hôtels de Monaco (à 90% des quatre étoiles) ont enregistré l'arrivée de 1.400 joueurs chinois, soit une augmentation de 11% en un an, indique Michel Bouquier, directeur de l'Office du Tourisme.
Prochaine étape: le marché indien. "Nous sommes en ordre de bataille", dit M. Lambert. La SBM va envoyer des représentants à Delhi, Bombay et Bangalore, capitale des sociétés "high tec". On sait déjà, à la SBM, que les Indiens aiment jouer en octobre, mois béni des dieux et des astres, et qu'ils affectionnent le poker à trois cartes.
Sous les lambris dorés et le cristal de Bohème du casino de Monte-Carlo, autour des tapis verts, toutes les nationalités se croisent sans se voir, les Italiens représentant les deux-tiers des joueurs.
Toutes les nationalités sauf une: les Monégasques. En créant le casino, en 1863, sur une oliveraie battue par le vent, le prince Charles III, ancêtre du prince Albert II, a interdit le jeu à tous ses compatriotes. Cette loi sage est encore en vigueur.
(source : 20minutes.fr/AFP)