Au moment où toute la Suisse romande peste contre la décision de retirer les machines à sous Tactilo des bars et restaurants, le maire de Bienne y voit un coup de pouce à la renaissance de «son» casino.
Tous ceux qui rêvent d'obtenir une nouvelle concession d'exploitation pour un casino à Bienne attendent impatiemment une décision du Conseil fédéral, qui aurait dû tomber à la fin 2006 et qui devrait être prise dans quelques jours ou semaines. Le maire de Bienne, également président du conseil d'administration de Casino Palace SA, ne cache pas qu'il a un projet en poche: «nous sommes en tractations avec les autorités fédérales, affirme-t-il. Si nous obtenons une nouvelle concession, nous serons prêts à ouvrir à nouveau le casino. Plusieurs partenaires importants nous ont communiqué leur intérêt.»
Rappelons que Bienne a perdu son casino en 2002, sur décision du Conseil fédéral, un peu avant la fin de l'Exposition nationale. Il ne reste dans les locaux du Palace qu'un «Mini-Casino», avec cinq machines à sous, que le maire Hans Stöckli se plaît à appeler «le plus petit mais le plus beau casino de Suisse».
Décision imminente
Le Conseil fédéral va prendre une nouvelle décision sur le nombre de concessions pour casinos en Suisse. «Elle ne devrait pas tomber ces prochains jours, mais prochainement», estime Jean-Marie Jordan, directeur de la Commission fédérale des maisons de jeux. Le gouvernement peut soit favoriser le statu quo, soit prononcer une libéralisation totale du marché (peu probable, selon des spécialistes du domaine du jeu) ou autoriser certaines régions à obtenir une concession. Assez probable, ce scénario attise les convoitises à Bienne. Et le maire Hans Stöckli ne cache pas son enthousiasme, au moment où la Commission fédérale des maisons de jeux demande l'interdiction des machines à sous «Tactilo» dans les bars et restaurants: «C'est bien pour nous, affirme le maire. La Loterie romande est la grande perdante si cette décision est confirmée, vu qu'elle n'a pas de casino. Si le business des Tactilo ne peut plus exister que dans les casinos, elle va tout faire pour que de nouvelles concessions soient accordées et pour en obtenir une. Cela pourrait pousser le Conseil fédéral dans la direction que nous souhaitons.»
Casinos favorisés ?
Cette analyse n'est que très partiellement partagée par la Loterie romande. Placée sous la tutelle des six cantons romands, celle-ci a un accord spécial avec Bienne, en tant que ville bilingue. Mais José Bessard, directeur de la communication de la Loterie romande, ne pense pas que son institution se lance de sitôt dans les casinos: «nous sommes une société d'utilité publique. Les casinos sont plus souvent exploités par des privés. Il serait étonnant que nous nous lancions dans cette voie. Ce d'autant plus que nous comptons bien gagner la bataille des Tactilo et obtenir l'annulation de la décision de la commission!» Cela dit, la Loterie romande suit de près la rénovation du Château d'Ouchy et on peut lire sur son site que «au cas où le Conseil fédéral décidait d'accorder de nouvelles concessions de casinos, la rénovation prendrait en compte la possibilité pour le Château d'Ouchy d'en accueillir un.» José Bessard confirme que si le canton de Vaud lui en donne le mandat, la Loterie romande pourrait exploiter un casino. Elle accuse la Commission fédérale des maisons de jeux de vouloir favoriser les casinos, ce que nie son directeur, Jean-Marie Jordan. Le maire de Bienne a-t-il vu juste? Cette polémique favorisera-t-elle la renaissance du casino? Hans Stöckli est dans les starting- blocks et son projet est prêt.
(source : jour
naldujura.ch/David Gaffi
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