Neuf salariés de ce casino du Pas-de-Calais, qui ont fait grève le jour de l’an, sont convoqués pour être licenciés.
Le casino de Berck-sur-Mer, un des prestigieux établissements de jeux de la côte d’Opale, dans le Pas-de-Calais, fut l’un des sept restés portes closes le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre, suite au mouvement national de grève lancé par l’intersyndicale FO, CFDT, CGT, CFE-CGC. Sur treize salariés appelés à travailler ce soir-là, neuf ont cessé le travail. Les neuf, trois croupières, deux caissières et quatre contrôleurs aux entrées, sont convoqués pour un entretien préalable à leur licenciement. Tous à la même date, le 17 janvier prochain, à la même heure, à 15 h 30. Patrick Partouche, PDG du groupe Partouche, propriétaire d’une cinquantaine de casinos en France était venu en personne à Berck menacer que « si on ne reprenait pas le travail, il faudrait aller voir la concurrence », raconte Carole Poulet, déléguée syndicale FO. « On suppose donc qu’il veut nous licencier pour avoir fait la grève, car personne n’a commis de faute professionnelle », conclut-elle.
Mais licencier pour fait de grève est interdit par la loi. La direction justifie donc sa décision par le non-respect d’un « devoir d’information et d’un devoir de préavis ». Mais, rétorque Carole Poulet, « nous n’avions pas à en déposer à l’échelle de l’établissement puisque nous étions couverts par un préavis national ». Parmi les neufs salariés menacés, trois sont « protégés » par des mandats syndicaux. L’inspection du travail doit donc donner son aval à leur licenciement. Le PDG s’apprête aussi à mettre à la porte deux couples, dont les femmes sont enceintes. « Nous ne sommes pas prêts à nous laisser faire. Nous n’hésiterons pas à aller aux prud’hommes », prévient Carole Poulet.
Travaillant dans le luxe mais payés au salaire minimum, ces « smicards du tapis vert » ont cessé le travail pour tenter de faire entendre leurs revendications : une augmentation salariale de 5 % et l’attribution d’un 13e mois, mesures jugées utiles pour compenser des horaires de travail décalés, nuit et dimanche, et des salaires qui se situent autour de 1 000 euros net. Ils demandaient aussi le retrait d’un projet d’arrêté ministériel de « réforme de la réglementation des casinos », qui doit être ratifié en janvier par le ministre de tutelle nicolas sarkozy et provoquerait, selon les syndicats, la suppression de 3 500 des 17 000 emplois du secteur.
(source : humanite.presse.fr/Paule Masson)