Les quatre casinos comtois se classent entre la 44e et la 128e places des 193 établissements de jeux français.
BESANÇON. Loin, ils sont loin du jackpot enregistré par le meilleur casino français qui affiche pour la saison 2005-2006 un produit brut des jeux (PBJ) de 147 M€. Enghien (+ 9,24 %) surclasse avec insolence ses confrères Charbonnières (69) 70 M€, Aix-en-Provence (13) 67 M€, Deauville (14) 53 M€, Amnéville (57) 51 M€ ou le Ruhl de Nice 7e avec 48 M€...
A Besançon, classé à la 44e place (- 2) des 193 établissements de jeux hexagonaux (176 il y a trois ans) avec un résultat d'exercice en baisse de 3,38 %, Christian Gaudé constate que son PBJ stagne depuis dix ans autour de 20 M€. Ce qui demeure, pour une ville qui n'attire pas foule de touristes, relativement honorable.
Marché atone
« La différence », note le directeur du casino Barrière, « c'est qu'il y a six ans, il me restait, une fois déduite la part de la l'Etat, de la Ville (3,9 M€ tout compris) et des divers prélèvements, 10,7 M€ et aujourd'hui seulement 9,7 M€. En contrepartie, la masse salariale a progressé de 26 à 27 %. Elle était à 2,5 M€ en 2000 et s'élève à 3,1 M€ en 2005. Ce qu'il est important de noter dans le classement national c'est qu'à périmètre constant (NDLR : sans nouvelle concurrence) 85 casinos sur 193 sont en baisse cette année. Leur nombre s'accroit depuis trois exercices. Cela démontre que le marché est atone. »
Christian Gaudé n'est pas pessimiste pour autant : « Je suis un gestionnaire réaliste. Besançon se maintient dans un monde difficile... » Où, par exemple, le voisin de Salins-les-Bains, petit Poucet indépendant qui pointe à la 128e place hexagonale, expédie régulièrement des commandos de jolies blondinettes distribuer ses prospectus dans la capitale régionale. « Il fait ce qu'il veut mais on ne se côtoie pas à cause de ça. »
Salins où Julien Ramousse enregistre cependant le plus sérieux revers régional avec une baisse de 10 % de son PBJ et dégringole de neuf rangs au classement national. Ce, malgré l'implantation de vingt machines à sous supplémentaires, portant l'effectif des bandits manchots à 65. « Je pense que nous avons souffert de la mise en place précoce, dès le mois de mai au lieu de novembre, du contrôle à l'entrée », confie-t-il, « mais en février nous allons instaurer une carte de fidélité ».
Entre les deux, Lons-le-Saunier (groupe Emeraude) affiche une progression tranquille de la 89e à la 85e place avec une hausse du PBJ de 5,49 %. Alexandre Chirat estime la hausse de sa fréquentation « entre 2 et 3 %. A la suppression du droit d'entrée de 11 € aux jeux de table (roulette, black-jack...). »
Concurrence aiguisée
Reste l'établissement de Franche-Comté le plus exposé sur sa zone de chalandise. Luxeuil-les-Bains (groupe Moliflor) doit en effet faire face à Bourbonne-les-Bains (52) et Plombières-les-Bains (88) mais aussi à la création récente des casinos de Bale (Suisse) et Bussang (88). « Nous perdons un rang à la 60e place mais avec une progression de 1,67 % du PBJ nous nous sommes stabilisés après quatre années de décroisance importante allant jusqu'à -7 et -10 % », explique Zaria Sorovic. L'avenir est cependant incertain : « En novembre et décembre, nous enregistrons une chute du chiffre de 8 % que nous attribuons au contrôle des entrées et à la montée en puissance de Bale. Cela dit, je reste fair play, le client va où il se sent le mieux accueilli. Je réalise facilement 15 % de mon business avec la clientèle bisontine. Cela me surprend toujours car la route n'est pas facile. »
L'engouement des jeunes pour les cartes
Dans ce climat morose, la contre-attaque s'impose. Luxeuil sera fin janvier le premier casino comtois à mettre en place de nouvelles machines à accepteur de billet, à 5 cent de mise et à jackpot progressif de 20 cent. « Pour trois pièces misées le gain maximum sera de 50.000 pièces. »
Et surtout chacun attend avec impatience l'autorisation prochaine de mettre sur pied des tables de Texas holdem poker. « Les jeunes aiment ce jeu. On joue sur les campus, en appartement. On ne peut pas passer à côté », souligne Christian Gaudé. « Ça va faire un carton », prévient même Zaria Sorovic qui, seul à exploiter une table de Stud poker dans son établissement, constate « le nouvel engouement des jeunes pour les jeux de carte. »
(source : estrepublicain.fr/Fred JIMENEZ)