Après des années de tentatives infructueuses, Loto-Québec a trouvé une façon de faire entrer le poker au Casino de Montréal. «Il est exact que nous sommes intéressés à offrir une machine à sous de type Texas Hold’Em dans nos casinos, mais l’appareil est en attente de certification à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ)», dit Jean-Pierre Roy, porte-parole de Loto-Québec.
Les nouvelles «machines à sous» n’ont pas besoin de l’autorisation du Conseil des ministres, comme c’est le cas pour les jeux de table. «Une fois que la RACJ a certifié la machine, on peut immédiatement la mettre en place.», dit M. Roy.
Les parties de poker Texas Hold’Em se dérouleront à des tables électroniques, considérées par la loi comme faisant partie de la famille des machines à sous, mais qui s’apparentent davantage à un jeu de table avec croupier automatisé.
Des jeux comme le baccara et la roulette, jadis interdits par le Code criminel canadien, ont dû être approuvés par le gouvernement avant d’être offerts dans les casinos du Québec.
Loto-Québec ne s’est jamais cachée de vouloir profiter de la manne du poker, mais le manque d’espace au Casino de Montréal et, surtout, la lenteur de la progression du dossier au gouvernement l’en ont empêchée jusqu’à maintenant.
À la Régie des alcools, des courses et des jeux, on attend le résultat des analyses du Laboratoire de certification et de vérification des appareils de jeux, qui doit s’assurer que le nouvel appareil est conforme aux règlements.
Le Texas Hold’Em est la variante de poker de loin la plus populaire. Il ne ressemble qu’en apparence aux formes de poker déjà offertes par les casinos québécois. Le Hold’Em n’a rien à voir non plus avec les appareils de vidéopoker, avec leur taux de retour minimum de 83 %.
Les parties de Hold’Em se déroulent entre joueurs. Le casino fournit seulement la table de jeu et le croupier. Le casino impose un taux horaire aux joueurs ou prélève un pourcentage sur les mises. Un mauvais joueur de Hold’Em peut très bien obtenir un retour nul sur l’argent misé. La chance joue également un rôle.
Pour les gens de la Santé publique, ce n’est pas a priori un progrès de voir Loto-Québec se lancer dans le poker. On craint que sa légalisation n’entraîne une augmentation des problèmes de jeu pathologique, comme cela est arrivé avec les appareils de loterie vidéo.
Bonne nouvelle pour les joueurs
Les joueurs accueillent la nouvelle favorablement. «Ça ressemble au poker en ligne, mais on ne peut jouer qu’à une table», dit Jean-Philippe Piquette, habitué à jouer à plusieurs tables simultanément sur Internet.
Nicolas Fradet, joueur professionnel montréalais, trouve que c’est positif : «Les gens vont pouvoir découvrir le jeu.» Mais il met en garde Loto-Québec : «Si j’étais eux, je ne ferais pas beaucoup de parties à hautes limites au début.»
Le Texas Hold’Em sans limite peut être particulièrement féroce parce que les joueurs ont la possibilité de miser tout leur argent à n’importe quel moment. Loto-Québec n’a pas annoncé le type de parties de Hold’Em qu’elle compte offrir.
Martin Roy, organisateur de tournois de poker, a joué à des tables de poker automatisées à Las Vegas : «C’est un début. Les aspects que les joueurs aiment, le contact humain, on l’a à moitié. Les bons joueurs aiment pouvoir lire les joueurs, leurs mouvements avec les jetons, comment ils misent. J’ai peur qu’on rapproche ça des machines à sous et qu’on fasse passer les joueurs davantage pour des gamblers que pour des joueurs de poker.»
Loto-Québec tente toujours d’obtenir l’autorisation d’offrir le Texas Hold’Em avec croupier. « On a bon espoir que le dossier ait progressé et qu’il se rende au Conseil des ministres dans les premiers mois de 2007 », dit Jean-Pierre Roy.
(source : cyberpresse.ca/Simon Gravel)