LONDRES, 18 jan (AFP) - Privés de la possibilité de tuer le temps avec une bonne pinte de bière depuis que les clubs leur imposent une stricte diététique, les joueurs de football anglais se réfugieraient dans les paris et les jeux de carte, où certains peuvent perdre des fortunes.
Vendredi, un quotidien britannique affirmait que l'attaquant international Michael Owen aurait perdu une forte somme dans des parties de poker durant la dernière Coupe du monde.
Autour de la table, où prenaient place le plus souvent Robbie Fowler (Leeds), David James (West Ham) et Wayne Bridge (Southampton), Owen aurait été "plumé" par le joueur de Newcastle Kieron Dyer, le gros gagnant sur l'ensemble de la compétition.
L'attaquant islandais de Chelsea Eidur Gudjohnsen a révélé qu'il avait perdu 400.000 livres (625.000 euros) en cinq mois en jouant au casino, alors que son salaire mensuel est de 80.000 livres (125.000 euros).
Gudjohnsen fréquentait un casino londonien, pour "passer le temps". "J'ai commencé alors que j'étais blessé et que je m'ennuyais. J'ai fini par m'endetter", a expliqué l'Islandais, précisant qu'il pouvait engager jusqu'à 2. 000 livres (3125 euros) sur un seul coup à la roulette.
Dépendance
"Les joueurs qui ont des prédispositions à la dépendance ne peuvent plus abuser de boisson ou de drogue, en raison de la sévérité des tests. Certains deviennent donc dépendants au jeu", explique l'ex-défenseur d'Arsenal, Tony Adams, lui-même ancien alcoolique.
"Les footballeurs ne jouent pas seulement au casino ou aux courses, ils passent aussi du temps à parier sur l'internet", ajoute Adams, maintenant à la tête de Sporting Chance, une structure de bénévoles qui aide les sportifs confrontés à des problèmes de dépendance.
"C'est difficile à détecter, car il n'existe aucun signe. Mais le danger est aussi important", assure Adams.
La Fédération anglaise de football, inquiète, pourrait ouvrir une enquête s'il "existe des preuves" de paris aussi importants durant la dernière Coupe du monde.
Mais, visiblement, la pratique est courante dans la sélection anglaise. Durant le championnat d'Europe 2000, certains joueurs anglais, alors sous la direction de Kevin Keegan, auraient joué jusqu'à 15.000 livres (23.400 euros) dans des parties de poker.
Mal endémique
Ruud van Nistelrooy, l'attaquant néerlandais de Manchester United, confirme: "Les footballeurs (de MU) passent beaucoup de temps à voyager, alors ils jouent aux cartes. Je ne devrais peut-être pas le dire, mais il y a de l'argent en jeu". "Les sommes en jeu sont faibles", a vite rétorqué un porte-parole du club.
"Il n'y a rien d'illégal à jouer aux cartes", a rappelé un porte-parole de la Fédération anglaise pour qui "les joueurs ont toujours fait preuve d'un comportement exemplaire sur et en dehors du terrain".
"C'est un mal endémique du football anglais", jugeait vendredi le Daily Express, rappelant que durant la Coupe du monde 1966 remportée par l'Angleterre, l'entraîneur Alf Ramsey avait interdit la bière mais avait dû fermer les yeux sur les paris, même s'il les abhorrait.
Pour van Nistelrooy, l'explication à cette fièvre du jeu est assez évidente: les footballeurs ont simplement perdu la mesure de l'argent. "Quand vous signez à Manchester, les salaires sont astronomiques". Et, ajoute un autre joueur: "Peu de footballeurs lisent, alors si l'on ne joue pas, la vie peut vite devenir ennuyeuse".
(source : Yahoo actualités)