La cour d'assises des Alpes-Maritimes se penche à partir de jeudi sur la plus célèbre énigme criminelle de la Côte d'Azur : l’affaire irrésolue d’Agnès Le Roux, héritière d'un des plus prestigieux casinos niçois, disparu en 1977, à l'âge de 29 ans. Accusé de l'avoir tuée, son amant de l'époque, l'ex-avocat Jean-Maurice Agnelet, 68 ans aujourd’hui, se retrouve dans le box. Mais il a toujours nié toute responsabilité. Retour sur une disparition mystère.
La guerre des tapis verts
En 1977, la Côte d'Azur est le théâtre de la guerre des tapis verts. D’un côté, Jean-Dominique Fratoni, patron du casino Ruhl. De l’autre, la famille Le Roux, à la tête du casino Palais de la Méditerranée. Le patriarche était un proche du maire de Nice de l'époque Jacques Médecin et rêvait de faire de la ville le las vegas européen. En juin, le Palais de la Méditerranée connaît une assemblée générale coup de théâtre : Agnès Le Roux met sa mère, la gérante de l’établissement, en minorité et offre le contrôle au corse Fratoni. En contrepartie de sa trahison, Agnès touche trois millions de francs.
L’homme de l’ombre
Dans l'ombre de la jeune femme, il y a un homme : Jean-Maurice Agnelet, son amant depuis plusieurs mois. C'est lui qui a organisé le contact entre le patron du Ruhl et sa maîtresse. C'est également sur un compte joint au nom des deux amants, ouvert en Suisse, que les trois millions de francs sont versés. En l'espace de quelques mois, l'intégralité de la somme change de mains et se trouve transférée sur un compte personnel de Jean-Maurice Agnelet.
Le week-end de la Toussaint 1977, la belle héritière du Palais de la Méditerranée s’évapore au volant de sa Range Rover blanche.
Enquête
Renée Le Roux, la mère d'Agnès, donne l’alerte. La justice commence à enquêter sur cette disparition, Agnelet est mis en cause. En août 1983, il est inculpé d'homicide volontaire et effectue deux mois de détention provisoire avant d'être placé sous contrôle judiciaire.
L'accusation croit tenir un mobile — l'argent — et détient plusieurs éléments jugés compromettants : à son domicile sont découverts la photocopie d'un message d'adieu d'Agnès, son journal intime et d'énigmatiques annotations pouvant être en relation avec sa disparition et les affaires du Palais de la Méditerranée.
Le peu d'inquiétude dont il fait preuve quant au sort d'Agnès et les multiples contradictions dans son discours renforcent les soupçons. Mais pour le juge d'instruction, ces charges insuffisantes. Il prononce un non-lieu le 30 septembre 1985. La même année, Agnelet est condamné à deux ans de prison pour avoir détourné l'argent d'Agnès.
Coup de théâtre
Mais en 1999, Françoise Lausseure, une autre maîtresse d'Agnelet au moment des faits, devenue sa femme depuis, affirme avoir fourni à un faux alibi. En conflit avec son mari, elle soutient désormais qu’il n'était pas avec elle en Suisse les 27 et 28 octobre 1977, date présumée de la disparition d'Agnès.
De nouveau mis en examen pour homicide volontaire en octobre 2005, l'ex-avocat, radié du barreau en 1978, est renvoyé devant les assises. Son procès, qui débute jeudi, devrait durer trois semaines.
(source : 20minutes.fr/Sandrine Cochard (avec AFP) )