(Easybourse.com) Le chiffre d'affaires mondial généré par les paris en ligne serait d'environ 10 milliards d'euros et devrait atteindre 18 milliards d'ici à 2009. Ces chiffres sont à prendre avec des pincettes puisque 90% de cette activité est illégale, la plupart des Etats l'interdisant pour des raisons d'intérêt général. Alors les sociétés de jeux s'organisent (elles s'expatrient dans des paradis fiscaux ou des pays plus laxistes, elles se concentrent...) d'autant que l'attrait pour le jeu en ligne est grandissant (un TRJ plus juteux grâce à l'absence de taxes, des économies de déplacement, l'intimité gratuite du logement...).
L’Europe serait l’un des marchés les plus prometteurs pour le jeu en ligne, selon Media and Entertainment Consulting network (MECn), un réseau d’experts de l’industrie du jeu basé à Londres. En atteste que Bwin, anciennement Bet and Win, annonçait deux millions de joueurs fin 2004 sur un site travaillant en dix-neuf langues, un chiffre d’affaires de 993 millions d’euros et une diversité étonnante d’offres de paris (base-ball mexicain, concours de fléchettes au Pays-de-Galles, cricket au Pakistan ou course de lévriers en Angleterre).
A titre de comparaison, selon Chris Tanner Capital Advisor, les revenus mondiaux générés par le secteur des paris en ligne étaient de 8,2 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) en 2004, soit 3,4% du chiffre d’affaires des jeux correspondants. Plus récemment, le cabinet de conseils faisait état d’un chiffre d’affaires de 12 milliards de dollars (9,9 milliards d’euros) en 2005 et anticipait un revenu de 22,7 milliards de dollars (18,2 milliards d’euros) pour 2009.
Un secteur illégal en Europe sauf en Grande-Bretagne
Mais en Europe, ces sites de jeux d’argent en ligne sont illégaux, excepté en Grande-Bretagne. Afin de rapatrier ses bookmakers qui s’étaient expatriés à Gibraltar, les autorités britanniques ont consenti à les légaliser et leur a octroyé des avantages fiscaux. De son côté, la Belgique réfléchirait à accorder des licences sur Internet pour ce qui concerne les casinos virtuels, mais uniquement aux casinos « en dur », et les paris sportifs.
Basé à Gibraltar et actuel dauphin du leader mondial Sportingbet (980 millions d'euros de chiffres d'affaires et une capitalisation boursière de 2,4 milliards d'euros), PartyGaming (PartyPoker qui contrôle 54% du marché, PartyCasino, PartyBingo, PartyGammon) est coté en bourse à Londres. Sa capitalisation atteint 8 milliards d’euros (comparaison) et sa marge nette 58%. Quant à sa filiale Gamebooker, elle déclare 270 000 inscrits, dont 56 000 actifs, et 15% de Français qualifiés d’« excellents joueurs, bien entraînés au jeu en ligne par la FDJ et qui jouent plus, avec 8 euros, que la moyenne (5,8 euros) ».
Si le site de la Française des jeux (FDJ) ne comptait que pour 0,3% des revenus 2004 de la fédération, il enregistrait à la même époque 350 000 comptes ouverts et 1,6 millions de visites. En 2006, le nombre de joueurs inscrits a plus que doublé (+130%) pour atteindre les 800 000. De quoi exaspérer les casinos écartés d’Internet.
Le durcissement des lois redistribue les cartes
Fin septembre, les États-Unis ont durci leur législation sur les casinos en ligne - le Congrès américain a voté une loi qui interdit aux banques et établissements de crédit d’accepter tout paiement d’Américains souhaitant parier sur Internet. La décision a ébranlé le secteur car elle a privé les sites de paris en ligne de leur principale source de revenu.
Rappelons que cet été, l’Oncle Sam avait fait arrêté le directeur général de BetOnSports pour violation d'une loi de 1961 sur les paris sportifs par la voie des télécommunications, ainsi que le président de Sportingbet pour infraction à une loi déjà en vigueur en Louisiane contre le jeu en ligne.
PartyGaming qui a dégagé au premier semestre 2006, les trois quarts de ses ventes outre-Atlantique a perdu en l'espace d'un instant plus de la moitié de sa capitalisation boursière qui atteignait en juin 2005, après son introduction à Londres une capitalisation boursière (5,6 milliards de livres ou 8,3 milliards d'euros), supérieure à celle de British Airways. De son côté, 888.com, une autre société britannique de paris en ligne, réalisaient plus de la moitié de ses ventes au pays de l'oncle Sam.
Pour les deux entreprises, le salut passe par le rachat de concurrents ou par une implantation en Asie où la législation est beaucoup plus souple. La situation dans l'Union européenne est plus contrastée, chaque Etat membre organisant les jeux d'argent comme il l'entend.
Depuis ce durcissement, PartyGaming s'est retiré du marché américain, mais son directeur général Mitch Garber a dit voir dans cette évolution une opportunité de concentration en or pour son groupe. Fin octobre, PartyGaming et 888 Holdings auraient entamé des discussions préliminaires en vue d'une éventuelle fusion, selon le Sunday Times, qui n'a pas cité ses sources.
Pour PartyGaming, l'achat de 888.com serait la deuxième acquisition en moins d'un an après celle de Gamebookers, site de paris à Antigua et détenteur d'une licence à Gibraltar.
Selon l'hebdomadaire britannique, des dirigeants des deux entreprises devraient poursuivre leurs discussions, notamment sur la fusion de leurs bases de joueurs sur Internet. Si PartyGaming n'a pas souhaité faire de commentaires, 888 Holdings a pour sa part confirmé être entrée en négociations préliminaires avec plusieurs interlocuteurs, suite à l'arrêt de ses activités aux Etats-Unis.
Le groupe ne fournit aucune indication quant à l'identité desdits interlocuteurs, et ajoute que rien ne lui permet encore d'affirmer que les discussions menées déboucheront effectivement sur le dépôt d'une offre de rachat.
(source : easybourse.com/M.E.)