En 2009, le casino de Lille devrait ouvrir ses portes. L’établissement du groupe Barrière sera alors le deuxième plus grand de france et devrait rapporter à la ville environ 15 ME par an. Mais le projet n’est pas sans provoquer des turbulences…
Il aura fallu pas moins de cinq ans, depuis l’obtention par Lille du classement en station touristique, pour que soit entériné le projet de casino. Le 20 septembre enfin, le groupe Barrière l’emportait devant Partouche et Moliflor Loisirs. L’établissement de Lille regroupera un hôtel quatre étoiles de 148 chambres, un casino sur deux étages, une salle de spectacle de 1 200 places et trois restaurants, près d’Euralille. Plus de 400 emplois seront créés. Mais le prix à payer pour sa place sous le soleil lillois laisse rêveurs autant que dubitatifs les concurrents de Barrière.
Le groupe a en effet signé pour une redevance communale jamais égalée, selon nos informations : 15 % du produit brut des jeux (PBJ), 1,5 ME de redevance domaniale, 10 % du chiffre d’affaires annuel et, cerise sur le bandit manchot, 1 ME/an en guise de contribution au développement touristique et culturel. C’est sans compter la redevance indirecte que reverse l’État à la commune. En régime de croisière, le casino devrait donc rapporter à la ville environ 15 ME/an, soit 14 % des recettes fiscales. Quand on sait que le casino d’Enghien, premier de france, ne ramène « que » 13,6 ME à sa ville de tutelle…
« Du dumping »
Face à l’opposition des Verts, de l’UDF et du FN, la maire Martine Aubry, qui avait affirmé que les jeux n’étaient pas sa « tasse de thé », s’est voulue pragmatique : Lille n’aurait pas d’autres moyens pour financer sa politique sociale et culturelle. « 55 % des Lillois ne paient pas d’impôts. Je veux qu’on puisse les garder. » Une position qui ne l’opposerait pas à Pierre Mauroy, selon Bernard Roman (PS), ancien adjoint au maire et aujourd’hui vice-président du conseil régional en charge des finances : « C’est vrai que Pierre Mauroy était réticent. Dans le programme de 1981, était même notée la fin des jeux d’argent. Mais il avait fini par admettre que si ça ne se faisait pas à Lille, ça se ferait à proximité. » Martine Aubry s’est en revanche fait un nouvel ennemi : la famille Partouche qui n’a goûté que très peu le choix de Barrière. « Le parisianisme a frappé », grogne Patrick Partouche, président du directoire qui ajoute : « L’offre du groupe Barrière, c’est du dumping. Je serai vigilant aux séquences de paiement. Il a intérêt à payer. Sinon, je demanderai la résiliation du contrat. » Et de conclure, menaçant, que la famille Partouche a choisi son camp pour les municipales 2008 : « Si on doit aider les adversaires de Martine Aubry, on le fera… » Rien ne va plus.
(source : lavoixdunord.fr/J. L.)