Le fonds de capital investissement Chequers Capital rachète l'établissement Barrière de Mandelieu. D'autres acquisitions devraient suivre.
UN NOUVEAU joueur s'invite à la table des casinos français. Le fonds de capital investissement britannique Chequers Capital a signé hier le rachat du casino Barrière de Mandelieu, sur la Côte d'Azur. Il compte poursuivre ses emplettes.
« Chequers Capital a la volonté de monter un petit groupe de casinos et de devenir un acteur reconnu du marché français », commente au Figaro Christophe Brière, directeur au sein de la banque d'affaires Close Brothers qui a réalisé cette opération. Le montant n'a pas été rendu public, mais un casino se vend en moyenne 7 à 9 fois son résultat d'exploitation, et un hôtel 10 fois. Chequers aurait déboursé environ 25 millions d'euros. Le casino de Mandelieu réalise 27 millions d'euros de produits bruts des jeux avec 200 machines à sous et une salle de tables de jeux.
L'opération comprend aussi un hôtel Sofitel de 213 chambres, réalisant 15 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Cet établissement appartenait à Accor qui l'a apporté dans la corbeille de mariée lors du rapprochement avec le groupe Lucien Barrière à la fin 2004. C'est justement dans ce cadre que, pour des raisons de concurrence, Accor et Lucien Barrière se sont engagés à céder deux casinos en France : celui de Mandelieu et celui de Hossegor, déjà vendu à TH Finance.
Cartes rebattues
Les opportunités d'acquisitions devraient se multiplier. « Après une décennie de croissance, le marché français est arrivé à maturité », souligne Christophe Brière. Le produit brut des jeux, l'an dernier, n'a augmenté que de 1,33 % à 2,647 milliards d'euros, contre une hausse de 11,33 % en 1998. Cela complique la stratégie des quatre grands - Partouche, Barrière, Moliflor et Tranchant - qui détiennent les trois quarts du marché français. « Ils vont se focaliser sur les grands établissements et délaisseront les casinos plus petits, car ils ne leur permettront pas de rentabiliser des investissements de grande envergure », ajoute Christophe Brière.
Les cartes sont en train d'être rebattues. Partouche, pour régler la succession familiale de ses actionnaires, est actuellement en discussion avec le promoteur immobilier bordelais Michel Ohayon. Tranchant est allé chercher la croissance à l'international et le groupe Moliflor, propriété du fonds bridge Point, compte gagner des parts de marché.
Enfin, Lucien Barrière vise les grandes villes en quête de recettes fiscales supplémentaires pour alimenter leur budget. Les prélèvements de l'État cumulés avec ceux des communes représentent en moyenne 57 % des produits bruts de jeux, dont 15 % pour les villes. Après avoir ouvert un établissement à Toulouse en août, Barrière a gagné il y a un mois l'appel d'offres de Lille. Il reste la tentation d'Internet, où les opportunités de croissance sont énormes mais encore interdites en France.
(source : lefigaro.fr/ÉRIC DE LA CHESNAIS)