La conférence de presse organisée vendredi 15 septembre par l'AS Monaco pour présenter son nouveau sponsor maillot, la société de paris en ligne Bwin, aura été de courte durée. Des policiers ont fait irruption dans le centre d'entraînement du club monégasque, à La Turbie (Alpes-Maritimes), où avait lieu la réunion, et ont interpellé les deux coprésidents de Bwin, Manfred Bodner et Norbert Teufelberger.
Les deux dirigeants de la société autrichienne, cotée à la Bourse de Vienne, "ont été interpellés par les autorités françaises pour violation présumée de la législation française sur les jeux", selon le communiqué publié par Bwin. Cette entreprise de paris en ligne faisait l'objet d'une plainte déposée par la Française des jeux et le PMU en 2005.
En France, le secteur des jeux d'argent est réglementé. Les casinos doivent obtenir une licence, les paris hippiques sont entre les mains du PMU et la Française des jeux dispose d'un monopole sur les loteries et d'une dérogation pour les paris sportifs. Cette dernière voit d'un mauvais oeil se multiplier les sites de jeu en ligne qui prolifèrent sur Internet. Désireux de contourner le monopole français, ils s'installent dans des pays où les règles sont plus souples et profitent de l'ubiquité d'Internet pour atteindre les parieurs.
EXEMPLE EMBLÉMATIQUE
Encore faut-il se faire connaître. Les sociétés de paris en ligne se sont donc lancées dans des politiques actives de sponsoring pour faire leur publicité. L'exemple de Bwin est emblématique. Après quelques contrats de panneautique, l'entreprise autrichienne a décidé de passer à la vitesse supérieure. Profitant des places vacantes sur les maillots des équipes de football en France, elle s'affiche désormais sur les tricots des joueurs de l'AS Saint-Etienne, de l'AJ Auxerre et de l'AS Monaco. D'autres sociétés lui ont emboîté le pas, mais dans une moindre mesure, à l'instar de 888.com, partenaire de Toulouse, et Gamebookers.com, partenaire de Nantes.
La Française des jeux considère que ces contrats de sponsoring vont à l'encontre de la loi et a multiplié les courriers à destination de la Ligue de football, des clubs, du ministère de la jeunesse et des sports pour les dénoncer et nourrir sa plainte. "La loi est ambiguë en Europe. Mais nous nous sommes refusés à aller sur ce terrain pour des raisons de principe : ces sites peuvent inciter à des pratiques frauduleuses dans le sport", explique Bruno Molinas, président de la société de droits sportifs Sportys.
Le risque pris par ces sociétés de jeux en ligne peut se retourner contre elles. Bwin vient de perdre sa licence d'exploitation en Allemagne, sur décision de l'Etat régional de Saxe et a dû cesser ses activités de parrainage du club de football de Brême.
(source : lemonde.fr/Laurence Girard)