BRUXELLES Ils savent qu'ils sont des joueurs compulsifs, comme on les appelle, et ont préféré prendre les devants, en s'autoexcluant des casinos et autres salles de jeu.
Au 31 décembre 2005, ils étaient très précisément 2.965. Mais à ce nombre, il faut ajouter 7.938 personnes exclues en vertu d'une décision judiciaire (malades mentaux, mineurs prolongés, décision pénale...) et environ 45.000 autres personnes qui ne peuvent jouer de par leur profession : magistrats, policiers, notaires, huissiers. "Au total donc, le nombre de personnes exclues en Belgique en 2005 peut être évalué à 56.000" , analyse la Commission dans son rapport annuel.
Toutes ces personnes exclues se retrouvent dans une grande banque de données baptisée Epis (excluded persons information system). Chaque exploitant de salle ou de casino y a accès et peut la consulter on line quand un joueur se présente. Le hic, concède Étienne Marique, président de la Commission, c'est que certains systèmes informatiques qui intègrent Epis connaissent des couacs réguliers. Et en particulier celui de la Justice, qui regroupe donc les identités de tous les magistrats, policiers... mais aussi des personnes exclues par décision judiciaire ! "J'ai déjà déploré à plusieurs reprises l'ab sence de continuité du service, en particulier le week-end ", souligne M. Marique. "Cela se présente très souvent et n'autorise donc aucun contrôle." En clair, quand ces pannes surviennent (sans réparation durant le week-end), toutes les personnes exclues n'apparaissent plus dans le système, sauf les quelque 3.000 exclus volontaires. Et elles ont donc tout loisir de venir jouer...
Le groupe le plus à risque ? Les 25-40 ans pour les exclus volontaires, mais, au niveau des exclusions judiciaires, on compte à l'opposé une tranche importante de personnes nées avant 1930 (plus de 600 personnes nées dans les années 1920, par exemple). "Les exclusions volontaires restent soutenues" , note le président de la Commission. "Nous recevons aussi de plus en plus (des dizaines par an) de demandes d'attestations écrites d'exclusion, par exemple dans le cadre d'une libération conditionnelle, d'un divorce ou pour une demande de crédit." Cela étant, admet notre interlocuteur, le problème des joueurs compulsifs doit être repensé. "Un projet concret existe en collaboration avec la Santé publique pour une évaluation médicale de sorte qu'il y ait des hôpitaux de référence pour un traitement, pour une prise en charge des joueurs qui touchent le fond."
(source : dhnet.be/N. F.)