La guerre des géants américains de Las Vegas se mène dorénavant à Macao, en passe de devenir la nouvelle capitale mondiale du jeu et où les plus grands noms rivalisent de projets mirobolants.
"Nous allons apporter un nouveau jour et un nouveau commencement à Macao", a claironné le milliardaire Steve Wynn en inaugurant avec force feux d'artifice le "Wynn Macau", premier centre de jeu "intégré" de l'ancienne colonie portugaise.
Le méga-complexe d'un coût de 1,2 milliard de dollars, ouvert mardi peu avant minuit, comprend non seulement un casino de deux cents tables mais également des restaurants et un hôtel de six cents chambres. Leur prix (jusqu'à 2.700 dollars la nuit) n'a pas empêché qu'elles soient toutes réservées dès la première journée.
"Nous avons été choisis par le gouvernement de Macao pour apporter le changement... il est là", a lancé Steve Wynn.
L'Américain, qui avait développé à Las Vegas les fameux Mirage et Bellagio, avait été parmi les rares étrangers autorisés par les autorités locales de Macao à ouvrir des casinos. L'ancienne colonie, rétrocédée à la Chine en 1999, a mis fin en 2002 au monopole que détenait jusqu'alors le Macanais Stanley Ho.
L'"enfer du jeu", réputé pour ses salles enfumées et la guerre que se livrait les clans mafieux, amorçait dès lors le virage de la modernité.
Le premier étranger à ouvrir un casino ne fut autre que Sheldon Adelson, compatriote et grand rival de Steve Wynn. Adelson, président-directeur général du groupe Las Vegas Sands, a inauguré en 2004 sur le front de mer macanais un de ces casinos typiquement américains, avec shows, restaurants de luxe et immenses salles de jeux dorées du sol au plafond.
Le nouveau concept a vite fait recette et les touristes du jeu se ruent à Macao, en majorité des
chinois dorénavant autorisés à voyager en dehors des tours organisés. Les recettes du jeu ont égalisé l'an dernier à Macao celles de Las Vegas, à 5,6 mds USD, et l'ancienne colonie devrait à la fin de l'année avoir dépassé sa grande soeur américaine, selon les experts.
La petite ville de 450.000 habitants est donc devenue le théâtre d'une âpre lutte qui se joue à coups de milliards. Les projets ne se comptent plus et une nouvelle ville est en cours de construction sur un terrain gagné sur la mer et baptisé "Cotai".
La zone, qui recouvre une centaine de milliers de mètres carrés, doit accueillir une vingtaine de groupes dont les grandes chaînes hôtelières comme Hilton, Marriott, Starwood (propriétaire des Sheraton), InterContinental, Regal, Four Seasons...
Sheldon Adelson y ouvrira l'année prochaine une réplique gigantesque de son fameux Venetian de Las Vegas. Cette nouvelle imitation de Venise, avec canaux et gondoles, réunira trois mille suites et 750 tables de jeu, pour un coût de 2,3 mds USD.
En tout, le groupe Sands prévoit d'investir dix mds USD. "Nous aurons 19.000 ou 20.000 chambres d'ici la fin de 2008 ou le début de 2009", avait récemment déclaré M. Adelson à la presse locale.
Face à cette offensive, Stanley Ho, qui avait pendant 40 ans détenu le monopole des jeux à Macao, ne veut pas être en reste. Il fait construire pour près de 400 M USD le "Grand Lisboa".
Réplique moderne du casino "Lisboa", icône macanaise du jeu quelque peu ternie depuis l'arrivée des titans de Las Vegas, le Grand Lisboa comptera dès la fin de cette année deux cents tables et huit cents lits.
Steve Wynn l'assure : "Macao peut absorber" le déferlement de chambres et de casinos. "Pourvu qu'on offre une expérience magnifique".
(source : 20minutes.fr/AFP)