A Macao, confetti occidental oublié dans l'univers chinois, le mah-jong fait figure de parent pauvre. Ici, la folie, c'est d'aller brûler ses patacas - la monnaie locale - au casino. Ou plutôt aux casinos tant leur nombre s'accroît au fil des mois. En 2002, il n'y en avait que neuf. Quatre ans plus tard, le double ! Et ce n'est pas fini. Les tables de baccara et les bandits manchots - appelés joliment ici les "tigres affamés" - vont se multiplier dans les deux années à venir. Car si l'empereur des jeux depuis quarante ans, le milliardaire Stanley Ho (84 ans), propriétaire du mythique Lisboa, est toujours omniprésent, deux groupes américains fortement implantés à Las Vegas ont obtenu en 2002 une licence d'exploitation et jouent les trouble-fêtes. Ils ont trouvé dans cette petite enclave latine la possibilité de faire des profits colossaux. D'autant que, depuis que le régime de Pékin a autorisé en juillet 2004 les visas individuels, les chinois du continent déboulent en rangs serrés, de jour comme de nuit - car les casinos ne ferment jamais -, pour dépenser en cash l'argent plus ou moins (surtout moins) honnêtement acquis. Et les salons VIP, feutrés et discrets, où la mise minimale peut aller au-delà de 50 000 patacas (5 000 euros), ne sont pas les moins fréquentés. Loin de là.
Las Vegas bientôt dépassé !
En onze mois, le Sand's, un immense casino à capitaux américains ouvert en 2004 qui a nécessité un investissement de près de 300 millions de dollars, était déjà bénéficiaire ! Et l'an passé, Macao a fait presque... jeu égal avec Las Vegas pour le chiffre d'affaires global sur les jeux !
Si l'on construit à tour de bras de nouveaux casinos dans Macao même, près du front de mer, la prochaine étape se joue dans les petites îles voisines de Taïpa et de Coloane où plusieurs kilomètres carrés ont été poldérisés pour gagner des terrains sur la mer. Dans un endroit baptisé Cotaï strip, c'est là, au coeur d'une forêt de grues, que Wynn's et Galaxy, les deux groupes américains, construisent de gigantesques casinos, accompagnés d'hôtels, de centres commerciaux, de centres de conférences et d'expos, qui seront achevés dans les prochains mois. Et le groupe de Stanley Ho en fait autant.
Aujourd'hui, l'objectif des autorités locales est d'inciter les joueurs, qui ne restent en moyenne que vingt-quatre heures, à passer plus de temps sur place. Plusieurs parcs à thèmes, dont le Fischermen's Warf, récemment inauguré, ainsi que la Macao Tower de Stanley Ho, font partie de cette stratégie. De plus, le classement au patrimoine de l'humanité par l'Unesco en juin 2005 de nombreux sites de la vieille ville est tombé à pic. Et ce n'est que justice car Macao a su garder les charmes d'une petite ville coloniale avec ses couleurs pastel, ses ruelles pavées de noir et de blanc, où les noms, encadrés dans de jolis azulejos bleus, sont indiqués en idéogrammes et en portugais. Sans oublier que Macao, autrefois principal siège du catholicisme en Asie, abrite aujourd'hui plus d'églises au km 2 que la cité du Vatican !
Un coeur de ville chaleureux
La vieille ville de Macao peut, pour l'essentiel, se visiter à pied. Depuis le temple de A Ma, pavillons de prière à flanc de coteau dédiés à la déesse de la mer - qui a donné son nom à la ville -, jusqu'aux célèbres ruines de l'église Sao Paulo dont il ne reste que la façade après un terrible incendie en 1835. Il faut aussi flâner dans les petites rues, fouiller chez les antiquaires qui proposent de magnifiques meubles, des boîtes à bijoux ou des repose-têtes rouge et noir, s'arrêter aux échoppes de fruits - ah les mangues ! - et légumes qui débordent sur le trottoir, aux boulangeries qui offrent parfois le célèbre petit flan portugais. Et faire une petite halte dans les pharmacies chinoises traditionnelles et les nombreuses boutiques de fringues qui se font sauvagement concurrence.
Il ne faut pas non plus rater le bien joli square du Largo do Senato, coeur de la ville bordé d'arcades et dallé de blanc avec des vagues noires donnant une impression de mouvement perpétuel. Ni oublier de faire un saut au jardin Lou Lim Iok, typiquement chinois, où jeunes et vieux Macanais viennent se dérouiller en faisant les traditionnels mouvements du taï-chi-chuan.
Enfin, il faut aussi garder un peu de temps pour faire une étape à Coloane, le poumon de Macao, île verte, sauvage à souhait, à mille lieues de la ville-casino. Un moment de sérénité !
(source : metrofrance.com)