En entrant au casino, il faut désormais présenter une pièce d'identité. Objectif : mieux filtrer les mineurs et personnes interdites de jeux.
« On a testé hier soir avec Jean-Pierre, mon mari. A 2 h du mat', c'est pas super de devoir fouiller dans son sac pour trouver sa carte d'identité. Mais enfin, une fois à l'intérieur, c'est vite oublié. » Comme Laurence, ils sont des centaines à devoir chaque jour depuis lundi, de jour comme de nuit, montrer patte blanche à l'entrée du casino.
L'établissement bisontin fait partie de la poignée de casinos pilotes qui testent actuellement la vérification d'identité à leur entrée. Une mesure qui entrera en vigueur dans l'ensemble des établissements de jeu français à compter du 1er novembre. « Cette formalité s'applique déjà en suisse et dans nombre de pays européens », commente le directeur du casino, Christian Godet. « Il y a tellement de personnes qui se font interdire de jeu, c'est un moyen d'éviter les tricheries. Et de s'assurer également qu'aucun mineur n'entre chez nous, car il n'est pas toujours évident de distinguer un mineur d'un majeur lorsque les jeunes ont entre 16 et 18 ans. » C'est ainsi que toute personne souhaitant accéder à la salle de jeux doit dorénavant présenter une pièce d'identité : carte d'identité, passeport ou permis de conduire pour les Français ; passeport, carte de séjour ou récépissé de demande pour les étrangers. S'il s'agit d'une carte d'identité récente, il ne faut qu'une poignée de secondes à l'agent d'accueil pour passer la bande magnétique dans la rainure de son ordinateur qui la lit et allume un feu vert (la personne peut entrer) ou un feu rouge si le client est inscrit sur le fichier des interdits de jeux. Un fichier informatique établi par le ministère de l'Intérieur qui chaque mois envoie à tous les casinos la liste des personnes interdites (l'interdiction - d'une durée de cinq ans - intervenant dans la quasi-totalité des cas à la demande des joueurs eux-mêmes).
Aucune donnée personnelle enregistrée Lorsque les gens présentent d'anciennes cartes d'identité et ou autres pièces papier, il faut taper le nom sur l'ordinateur pour opérer la vérification et que s'allume selon la loupiote verte ou rouge. « Sachant que dans tous les cas », précise Christian Godet, « aucune donnée personnelle n'est enregistrée. » Trois hôtesses ont été recrutées pour assurer cette tâche supplémentaire. « Dans la grande majorité, les gens le prennent bien », explique l'une d'elle. « Ils sont d'abord surpris et finissent par se plier de bonne grâce à cette petite formalité. » En témoigne cette cliente, manifestement habituée, qui sourire aux oreilles tend son passeport, préparé depuis la porte d'entrée. Reste tout de même quelques récalcitrants. « Certains ronchonnent et ne supportent pas l'idée d'être contrôlés. Mais lorsqu'on émet un chèque, il est fréquent d'avoir à produire une pièce d'identité. Cela fait partie du quotidien. Sinon, quelques habitués râlent de devoir systématiquement présenter leur carte. Car s'ils viennent cinq fois dans la journée, il faut qu'ils présentent cinq fois leur carte, c'est le règlement. »
Pas de passe-droit En une semaine, une dizaine de personnes interdites de jeu ont ainsi été refoulées. « Lorsque la lumière rouge s'allume, on leur dit ''écoutez monsieur, ce n'est pas possible'' et ils s'en vont. C'est aussi un service qu'on leur rend. De même qu'aux mineurs et à leurs parents. » Anecdote : un soir lorsque l'hôtesse a passé la carte d'identité d'un client dans la machine, c'est le nom de la mère de celui-ci qui est apparu sur l'écran. Sans doute une bourde de l'opérateur qui a entré les données sur la piste magnétique lors de la création du document. Ceci dit, le client était déjà au courant et n'a pas été surpris. Quant aux personnes qui n'ont aucune pièce d'identité ? « Il n'y a pas de passe-droit. On ne peut pas les laisser entrer. Vous avez alors ceux qui vont la chercher et ceux qu'on ne revoit pas. Mais de toute façon, même avant cette nouvelle réglementation, il a toujours mieux valu venir au casino avec une pièce d'identité. Car elle est systématiquement demandée pour tout gain à partir de 1.000 €. »
(source : estrepublicain.fr/Pierre LAURENT)