Ils ont entre 18 et 25 ans, n’ont fait, pour la plupart, que des petits boulots et parient, aujourd’hui, sur le métier de croupier. Après quatre semaines de formation et une sélection draconienne, seule une poignée d’entre eux intègreront, cette année, les Casinos de Nouméa.
Dans la grande salle de jeux du casino du Méridien, tout a été fait pour recréer, au maximum, l’atmosphère d’une soirée normale. Depuis quatre semaines, de jeunes apprentis y suivent une formation pour devenir croupiers. Sur les 120 dossiers sélectionnés au départ, quarante candidats ont commencé la formation, sept sont allés jusqu’au bout.
Manque de motivation ou sélection trop drastique ? Un peu des deux, répond Sabine Di Russo, la directrice des ressources humaines de la société Les Casinos de Nouméa. « Nous ne sommes pas très exigeants pour ce qui est du niveau scolaire, puisque nous ne demandons que le BEPC. Ce qui compte, ce sont surtout les qualités personnelles. Or, beaucoup de jeunes se lancent dans cette formation sans imaginer à quel point ce métier est complet. »
Des salaires peu attractifs
Parmi les qualités les plus attendues : être rapide, faire preuve de dextérité et, surtout, être bon en calcul mental. Le physique est également pris en compte. « C’est toujours plus agréable pour le client d’avoir affaire à quelqu’un de plutôt joli », reconnaît Sabine Di Russo. Y aurait-il des critères de beauté spécifiques au métier ? « Pas du tout. Disons plutôt que nous sommes attentifs à ce que chacun d’eux dégage quelque chose de positif. »
Pour la direction, il est cependant difficile d’être trop exigeant lorsque l’on propose un salaire pas vraiment attractif compte tenu des contraintes horaires : 128 000 francs brut, les six premiers mois, et 137 000 francs, ensuite. Car, si les croupiers ne travaillent que six heures par jour, et bénéficient de deux jours de repos par semaine, leur emploi du temps (horaires de nuit, travail le week-end et les jours fériés) est souvent en décalage avec la vie de famille.
Une formation réputée à l’étranger
Pourtant, il faut reconnaître que pour les jeunes qui multiplient les petits boulots mal payés et qui ont peu - voire aucun- diplôme, la garantie d’un emploi, puis la perspective d’une évolution au sein de la profession, est alléchante. « Il y a trente ans, le métier de croupier était encore associé à des carrières prisées comme celle de steward, du temps d’UTA, souligne la DRH. Aujourd’hui, cette image a disparu. Néanmoins, nous encourageons les jeunes en insistant sur les possibilités d’évoluer, en devenant, par exemple, chef de table, puis chef de partie. »
En place depuis plusieurs années, cette école de croupiers « n’a rien à envier aux grands casinos », estime la direction. Formés en quatre semaines à cinq jeux (la roulette, le black-jack, le Stud-pocker, le sic-bo et le punto-y-bunco), les apprentis sont opérationnels dès la fin de la formation. « Nous les préparons également à la psychologie du joueur et à la particularité de la clientèle de loisirs. Lorsqu’un client perd, le croupier peut faire parfois les frais d’un certain agacement, voire d’un accès de colère. Nous sommes là pour leur apprendre à lâcher prise », précisent Sabine Russo et Charles Boulard, chef de partie, en charge de la formation. Preuve que ce travail a porté ses fruits : plusieurs anciens de l’école mettent, aujourd’hui, leur savoir-faire à profit dans des casinos d’Australie, de Monaco et de Suisse.
(source : info.lnc.nc/Coralie Cochin)