Au milieu du fiasco politique ambiant, les dossiers controversés des grandes institutions refont surface. Ainsi, l’affaire du Casino du Liban commence à prendre de l’ampleur.
Après une série d’accusations de gaspillage, et des informations sur une mainmise syrienne et de présence d’une caisse noire, les dirigeants de ce fleuron de l’industrie touristique libanaise peinent à améliorer leur image. Au moment où un changement du conseil d’administration du Casino paraît imminent, le président-directeur général du Casino, Élie Ghorayeb, a rendu publics hier, devant un parterre de journalistes, d’actionnaires et d’employés du Casino, les bilans financiers du Casino pour les sept années durant lesquelles il a été président.
Ces bilans ont été approuvés par le conseil d’administration et seront évoqués lors de l’assemblée générale prévue le 31 mai.
« Le Casino du Liban a été classé 17e sur la liste des casinos du monde. Cet exploit est le fruit des stratégies adoptées, de la transparence et de la détermination de l’administration », a notamment affirmé Élie Ghorayeb.
Ainsi, les recettes sont passées de 80 millions de dollars en 1999 à 130 millions de dollars en 2005, soit une hausse d’environ 60 %. La hausse des recettes est en partie due à la réduction des effectifs des employés de 300 pour atteindre un total de 1 060 employés. Elle est aussi la résultante d’une hausse du nombre de machines de 250 à 400.
Dans le cadre de la politique de contraction des dépenses, le Casino a réduit le contrat de gestion technique de 7 millions de dollars à 2,250 millions de dollars.
Quant aux décaissements, ils se sont répartis entre 60 millions de dollars en remboursements de dettes, suite aux travaux de reconstruction, 100 millions de dollars sous forme de dividendes, 250 millions de dollars en impôts directs et indirects, 50 millions en frais d’administration. Les bénéfices se sont chiffrés à 30 millions de dollars en 2005 alors qu’ils étaient de 8 millions de dollars en 1998.
Contentieux avec l’État
Le PDG du Casino n’a pas nié l’ingérence de différentes instances politiques dans les affaires de cette institution, mais il a affirmé avoir lui-même géré le Casino loin des considérations politiques. Il a néanmoins relevé, et remercié, au passage le soutien du président de la République.
Concernant les rumeurs de « caisse noire », qui ont longtemps circulé dans les médias, il a rappelé que « l’enquête judiciaire qui a eu lieu ainsi que celle des inspecteurs de contrôle et du ministère des Finances n’ont pu prouver la présence de cette fameuse caisse noire. Par ailleurs, le Casino avait chargé le groupe d’audit Deloitte et Touche, pendant 50 jours, de vérifier ces bilans qui se sont avérés transparents », a martelé M. Ghorayeb.
Au sujet du litige avec le ministère des Finances, le PDG du Casino revient au temps de l’inauguration du Casino en 1996 lorsque ce dernier était obligé de payer 1 million de livres libanaises par an pour chaque machine.
Le Casino avait versé 300 millions de livres annuellement jusqu’en 1998. En 1999, l’ancien ministre de l’Économie, Georges Corm, avait exigé le paiement de 30 % des revenus des machines à sous. Après une série de pourparlers qui avaient duré neuf mois, le ministère des Finances avait fini par accepter un compromis pour ne faire payer au Casino sur les machines à sous que si leurs revenus dépassaient 65 % de ceux des tables de jeu. En 2001, cet accord a été approuvé par le Conseil des ministres. Le Casino s’est acquitté de ces dus, mais il a réclamé l’élaboration d’un contrat amendé afin de clarifier la situation.
« La signature a été reportée sans cesse par le ministère », a déploré Élie Ghorayeb.
Il a ajouté qu’en 2005, et sans la notification du conseil d’administration du Casino, le ministre des Finances, Élias Saba, avait demandé au Conseil des ministres d’annuler l’ancienne décision et de l’amender pour obtenir le paiement à l’État d’un même pourcentage sur les revenus des machines et des tables de jeu.
« nous avons quand même payé malgré la non-approbation de cette décision, mais nous avons porté plainte auprès du parquet », a déclaré M. Ghorayeb.
Récemment, le Casino a reçu du ministère des Finances un mémorandum réclamant le paiement de 30 % des revenus des vidéopoker, un jeu non inclus dans les revenus de l’État et dont l’usage est non exclusif au Casino. Ce dernier a porté plainte.
« Le Casino est une poule d’or et suscite évidemment des convoitises, c’est la raison pour laquelle un grand nombre de personnes essayent par tous les moyens de nous discréditer », s’est insurgé M. Ghorayeb.
Le PDG du Casino a enfin insisté sur la légalité de son mandat. « La dernière assemblée générale a prévu le changement du conseil d’administration après l’approbation des bilans de 2001. Ces comptes ont été approuvés récemment, et c’est la raison pour laquelle nous avons appelé à une assemblée générale le 31 mai », a-t-il conclu.
(source : lorie
nt-lejour.com.lb/Magali GHOS
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