Jeux Transfuge de Canal +, Frédéric Vinzia est recruté à la tête de la filiale interactive du groupe français.
LE GROUPE Partouche s'en va en guerre sur l'Internet. Une bataille décisive que le leader européen des casinos entend mener avec Frédéric Vinzia. Ce dernier quitte Canal + pour prendre, à compter du 3 avril, la présidence de la nouvelle société Partouche Interactive. Patrick Partouche, le président du groupe éponyme, lui confie la mission de se hisser à la «place de leader mondial du entergament». Une activité en plein essor qui réunit toutes sortes de jeux en ligne, allant du téléphone mobile aux portails Internet, en passant par la télévision interactive.
Sur ce nouveau terrain virtuel, le groupe français n'aura pas la partie facile. Les enjeux financiers sont importants. Surtout, le groupe Partouche va devoir composer avec une législation hostile. En l'absence de cadre juridique spécifique, les jeux en ligne sont tout simplement hors la loi dans l'Hexagone. Une situation intolérable selon Patrick Partouche : «La loi actuelle ne prévoit aucune disposition concernant les jeux dans les nouvelles technologies. Une anomalie volontairement entretenue par La Française des jeux.»
Le groupe se donne cinq ans
Détenue à 70% par l'État, la Française des jeux est la seule à disposer d'un site sur lequel les jeux d'argent sont accessibles à tous. Un monopole de fait que le groupe Partouche s'apprête à combattre. Il devrait déposer une plainte dans les prochains jours devant la Cour européenne de justice.
Les milliers d'autres sites disponibles sur l'Internet français offrant des casinos virtuels sont, pour la plupart, basés hors des frontières nationales, pour éviter les mesures de rétorsions. Ils sont titulaires d'une licence de jeux octroyée par des pays comme Gibraltar, la Grande-Bretagne ou Malte, qui ont légalisé les jeux en ligne. Des sortes de pavillons de complaisance qui privent l'État français d'une recette fiscale importante. En France, les casinos «en briques» sont actuellement imposés à hauteur de 60% de leur produit brut. «Nous sommes disposés à accepter un prélèvement sur les jeux en ligne. A hauteur de 20%», insiste Patrick Partouche. Si son groupe n'obtient pas gain de cause, il menace d'aller quérir, lui aussi, une licence auprès de l'État de Gibraltar.
«Les jeux seront le prochain eldorado de la téléphonie après la musique», prévient Patrick Partouche. Frédéric Vinzia va devoir mener de front le développement de la filiale interactive à la fois sur la télévision, l'Internet et les mobiles. «C'est la chance de Partouche de pouvoir discuter avec les meilleurs dans chaque domaine : Frédéric Vinzia a l'expérience qui convient pour cela», assure-t-il. Figure historique du groupe Canal +, Frédéric Vinzia a notamment été à la tête de MCM, puis en charge du développement international du groupe crypté à partir de 2001.
Le groupe Partouche se donne cinq ans pour arriver à ses fins. Le jeu en vaut la chandelle. Les gains en ligne sont estimés dans le monde à près de 15 milliards de dollars.
(source : lefigaro.fr/Emmanuel Torregano)