Mohawk Internet Technologies, cette entreprise de Kahnawake créée avec l'aide du Conseil de bande qui héberge plus de 200 casinos virtuels, a tellement le vent dans les voiles qu'elle veut prendre de l'expansion en Europe.
Et c'est vers le paradis fiscal de l'île de Man, dans la mer d'Irlande, que ses dirigeants ont récemment mis le cap.
Dans une entrevue accordée récemment au journal The Eastern Door, de Kahnawake, le PDG de Mohawk Internet Technologies, John «Bud» Morris, a indiqué être arrivé tout près d'une entente avec le gouvernement de l'île de Man pour y installer ses nouveaux serveurs.
M. Morris n'a pas répondu aux nombreux appels faits jeudi et hier par La Presse, mais un porte-parole du conseil de bande de Kahnawake, John de Laronde, a confirmé l'information. Le conseil de bande, duquel ne relève plus directement Mohawk Internet Technologies, refuse cependant de faire quelque commentaire que ce soit.
Selon une source, l'entreprise songerait aussi à s'installer dans les îles Anglo-Normandes, réputées pour le statut fiscal très avantageux offert aux entreprises bancaires qui y ont élu domicile.
En juillet dernier, un rapport de Valeurs mobilières Desjardins révélait que Mohawk Internet Technologies est de loin le plus important hôte de casinos virtuels au monde. L'entreprise hébergeait alors les sites d'environ 230 différents casinos en ligne. Elle en abrite six mois plus tard près de 350.
Depuis sa création en 1999, la Sûreté du Québec mène enquête sur cette entreprise, mais aucune action n'a été entreprise, et ce, même si le Code criminel interdit clairement à quiconque d'exploiter un casino sur Internet. Puisque Mohawk Internet Technologies ne fait qu'héberger des sites de jeux, le ministère de la Sécurité publique et le ministère de la justice sont incapables de dire si ses activités sont légales ou non.
Selon l'avocat Michael Lipton, spécialiste du droit des jeux de hasard, il n'est pas impossible que l'entreprise cherche à installer des serveurs miroirs à l'étranger pour se protéger contre un arrêt du service à Kahnawake que pourrait forcer une perquisition policière. «C'est une des raisons, dit-il, mais Mohawk Internet Technologies a aussi intérêt à s'installer ailleurs dans le monde. C'est une entreprise qui a rapidement réussi à démontrer qu'elle est très crédible et capable de faire un excellent boulot en refusant l'accès à ses serveurs aux sites douteux et frauduleux», explique-t-il.
En s'installant à l'étranger, Mohawk Internet Technologies chercherait également à percer le marché de l'hébergement traditionnel. C'est l'ancien chef du conseil de bande, Joe Norton, qui s'occupe officiellement de ce secteur. Depuis son retrait du conseil de bande, en juillet 2004, il est devenu vice-président aux affaires intergouvernementales et au secteur traditionnel (Non Gaming and Intergovernmental Affairs) de Mohawk Internet Technologies. Il n'a pu être joint hier.
(source : technaute.lapresseaffaires.com/Tristan Péloquin)