Le système, mis en place par une famille du Carcassonnais, pouvait rapporter à ses concepteurs plusieurs dizaines de milliers d’euros par mois. Selon le témoignage d’un joueur, certains "clients" ignoraient le caractère illégal des jeux.
Le vaste coup de filet contre les machines à sous illégales, organisé lundi dans tout l’Ouest du département, s’est poursuivi hier par les auditions des 47 personnes placées en garde à vue (L’Indépendant du 6 février). Après la forte médiatisation du premier jour, la gendarmerie a observé le mutisme le plus total, tandis que le procureur de la République de Carcassonne retardait d’un jour la conférence de presse qu’il devait tenir sur le sujet.
concernant les organisateurs présumés du réseau, un père et ses fils, propriétaires ou gérants de plusieurs débits de boissons à Carcassonne, ils sont restés en garde à vue toute la journée.
Clients convoqués
Mais les investigations des enquêteurs se sont étendues au-delà des 47 personnes interpellées lundi: on apprenait hier que des clients des établissements visés, qui n’étaient pas là lundi au moment de la "descente", avaient été convoqués hier dans les gendarmeries pour y être entendus. Quant aux machines, elles ont fait l’objet de saisies dans la nuit de lundi à hier. Plusieurs camions ont été mis à contribution pour enlever, bar après bar, la soixantaine de "Bingo" qui sont au centre de cette affaire. Des machines plutôt sophistiquées, puisqu’elles peuvent apparaître comme des flippers "classiques", lesquels sont autorisés par la loi. "Dans le "Bingo", le joueur agit sur la machine. Ils peuvent donc être considérés comme des jeux d’adresse et à ce titre peuvent être exploités dans un bar où seuls les jeux de pur hasard sont interdits", souligne un spécialiste des machines à sous. En revanche, il est évidemment interdit de développer un système de gain en argent autour de ces jeux. "Dans les jeux d’adresse, le gain ne peut être que sous forme de parties gratuites, et encore pas plus de cinq", poursuit ce spécialiste.
Système lucratif
C’est ce qui explique en partie la longueur de l’enquête de gendarmerie qui a trouvé sa conclusion lundi. Il fallait réussir à prouver qu’un système de gains en argent s’était développé autour de ces machines. Un système lucratif, estimé en moyenne à 3000 euros mensuels par machine, à répartir entre le tenancier du bar et l’installateur. A supposer que ce dernier ait simplement prélevé la moitié des bénéfices, cela représente (sur la base d’une soixantaine de machines) un revenu mensuel de 90000 euros environ. Net d’impôts et de taxes diverses, bien sûr. On comprend que le fisc ait participé à l’interruption de ce trafic plutôt rentable.
(source : lindependant.com/L. R.)