Inauguré à Enghien il y a deux jours, le nouveau casino du groupe barrière est la première étape du renouveau de cette station de bien-être qui s’apprête en 2006 à fêter Mistinguett, la plus célèbre de ses concitoyennes. Entre grands hôtels et bord de lac, le dépaysement est assuré... à 15 mn de Paris.
Premières impressions. Il faut arriver de nuit. « Les méduses lumineuses », le nouvel éclairage du casino, se réfléchissent dans les eaux du lac. La lune éclaire les canards qui barbotent. Un léger clapotis fait tanguer une rangée de pédalos arrimés à la jetée. Les lampadaires Belle Époque éclairent l’esplanade qui domine le lac tandis que la façade années 50 du Grand Hôtel se laisse deviner dans un halo de lumière. Au loin se dessine, comme des nuages, l’ombre des collines giboyeuses de la forêt de Montmorency. Enghien-les-Bains, si près de Paris, paraît alors si loin.
Le casino. On pourrait décrire chaque machine à sous, plus de 350, souligner la modernité de la dernière génération d’entre elles aux écrans désormais tactiles, raconter l’ambiance luxueuse des salles de jeux. Le nouveau casino d’Enghien, c’est un univers « de loisirs accessibles au plus grand nombre », comme l’explique son directeur Patrick Sionneau. Un petit monde dans lequel on bascule avec gourmandise et où tout est conçu pour la fête. Il y a d’abord l’Atrium, sorte de boîte de verre qui enveloppe la façade rococo du vieux casino que les éclairages du décorateur Jacques Garcia transforment en palais des Mille et Une Nuits. Rideaux de soies lourdes, bois précieux, larges fauteuils de velours, murs de lumière. On est ici au coeur du grand goût français, entre Art déco et lieu branché. On se croirait parfois même dans une ambiance de paquebot de luxe dont les différents niveaux sont autant de ponts dominant les eaux calmes du lac. Entre restaurants et bars, tables de jeux et machines à sous, la déambulation prend des allures de promenade.
Le théâtre. Il est situé dans le casino et vient d’être totalement restauré. La seule frise Art déco qui garnit le balcon a nécessité plus de six mois de travail. Outre une programmation généraliste, on y donne chaque jeudi soir un spectacle d’un nouveau genre : Swinging Fantasy. Entre revue et comédie musicale, ce divertissement d’une heure trente joue sur plusieurs expressions artistiques : la chanson, la danse ou l’acrobatie. C’est plein d’énergie. Mistinguett. Jeanne bourgeois dite Mistinguett naît à Enghien en 1875. On voit encore sa maison natale au 5, rue Gaston-Israël, son école au 24, rue Malleville chez les soeurs de la Providence, et l’endroit où elle vécut adolescente au 2, rue du Départ. Ce petit immeuble blanc à la façade un peu triste abritait au rez-de-chaussée le commerce de ses parents, matelassiers, et à l’étage le logis de la famille. Dans Toute ma vie, son autobiographie écrite avec Pierre Lazareff en 1954, elle consacre plusieurs pages à Enghien, où elle a souhaité être enterrée en 1956, il y a 60 ans cette année. (Une très grande exposition, hommage national, va lui être consacrée à l’automne prochain à Enghien.) Sa tombe de granit rose, où elle repose avec des membres de sa famille, est au centre du cimetière, un peu surélevée, comme une scène de music-hall. Le gardien du cimetière confie que, chaque année, un inconnu y dépose un bouquet de violettes. De celles-là mêmes qu’elle vendait jeune fille à la sortie du Théâtre d’Enghien. Il n’y a pas à proprement parler de parcours Mistinguett mais l’Office de tourisme donne des plans et toutes les adresses sont concentrées dans le centre de la ville.
A VOIR ENCORE : le Musée Utrillo. Client assidu dans les années 50 du Grand Hôtel d’Enghien où il venait en cure et peignait des journées entières dans sa chambre, Maurice Utrillo possède dans la commune voisine d’Enghien, Sannois, un musée. Outre de nombreuses toiles représentatives de ses trois périodes, « Montmagny », « Blanche » et « Colorée » on y voit de nombreux souvenirs dont ses palettes et des objets familiers comme une photo de sa mère, Suzanne Valadon, qui ne quittait jamais l’atelier de cet artiste prolifique dont la production est estimée à 6 000 toiles.
(source : figaroscope.fr/Philippe VIGUIE-DESPLACES)